Le gouvernement mise sur l’immobilier public pour soutenir la réforme de l’État. En mobilisant une partie de ce patrimoine, l’exécutif entend financer des initiatives d’amélioration des services publics et de modernisation administrative. Cette stratégie, bien que prometteuse, soulève des questions sur sa mise en œuvre et ses limites.
Lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre a annoncé la création d’un fonds exclusivement consacré à la réforme de l’État. Ce fonds sera alimenté par la vente d’actifs publics, notamment immobiliers. L’objectif est clair : réinvestir ces ressources dans des technologies, comme l’intelligence artificielle, pour améliorer les services publics. Selon le chef du gouvernement, ces fonds seront strictement réservés aux projets de réorganisation, excluant tout usage pour des dépenses courantes.
Une démarche inscrite dans la continuité
L’idée de mobiliser l’immobilier public pour générer des recettes n’est pas nouvelle. Dès 2023, Thomas Cazenave, alors ministre des Comptes publics, avait amorcé une politique de cession de biens immobiliers publics. Avec 645 biens vendus cette année-là pour 280 millions d’euros, les recettes issues de ces opérations avaient bondi de 37 % par rapport à 2022. En parallèle, la rationalisation des espaces occupés par les agents publics visait à économiser près d’un milliard d’euros par an à terme.
Le patrimoine immobilier de l’État est estimé à environ 190 000 bâtiments représentant 100 millions de m². Pourtant, seuls 5 milliards d’euros pourraient être tirés des cessions, d’après une évaluation de Thomas Cazenave. Cette évaluation illustre les limites du potentiel de valorisation de ces actifs. De plus, certaines initiatives, comme la proposition de créer une foncière dédiée, ont été abandonnées après la dissolution de l’Assemblée nationale.
Une mobilisation politique autour de l’immobilier public
Le rapport de François Jolivet en décembre 2024 a ravivé le débat sur la gestion du patrimoine immobilier de l’État. Ce dernier a souligné la nécessité de « mieux utiliser » les bâtiments publics pour en tirer un maximum de valeur économique tout en améliorant les conditions de travail des agents. L’idée de revoir en profondeur cette gestion bénéficie désormais d’un consensus parmi plusieurs responsables politiques.
La mobilisation de l’immobilier public pour financer la réforme de l’État reflète une approche innovante, mais elle doit être encadrée pour éviter les dérives. Les ventes doivent s’inscrire dans une vision à long terme, garantissant que ces actifs restent au service de l’intérêt général. Cette stratégie, qui s’appuie sur la modernisation des moyens publics, pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pour réduire l’endettement et transformer l’administration. Mais sa réussite dépendra des choix stratégiques et des capacités de mise en œuvre des acteurs concernés.
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