C’est la crise dans le secteur du bâtiment, alertent les professionnels du secteur qui redoutent d’autres défaillances d’entreprises et d’autres pertes d’emplois après celles enregistrées au premier semestre de 2024. Les professionnels de la construction s’accordent sur la nécessité d’une intervention de l’État pour sauver les meubles.
Au premier trimestre 2024, le secteur du bâtiment a perdu 25 000 emplois avec, en sus, une hausse de 30 % des défaillances d’entreprises, selon le président de la Fédération française du bâtiment (FFB), Olivier Salleron, qui affirmait dans une conférence de presse qu’il avait animée le 10 juillet, que « malheureusement, ce n’est que le début ». Olivier Salleron fera également remarquer que le secteur de la construction bat le record de redressements judiciaires et de liquidations d’entreprises rien qu’au premier semestre de 2024.
Les propos du responsable de la Fédération française du bâtiment ont été confirmés par l’Insee qui fait état d’une perte de 20 100 emplois, sur environ 1,6 million dans le secteur du BTP en France, au premier trimestre 2024. Pour sa part, l’Observatoire des données économiques du Conseil national des administrateurs judiciaires et des mandataires judiciaires (CNAJMJ) confirme ce record de défaillances d’entreprises en faisant état de 6 700 cas début juillet. En rapport au premier semestre 2023, ce nombre correspond à une hausse de 29 % et de 30 % par rapport à la moyenne des premiers semestres 2018 et 2019.
À propos de l’avenir, Olivier Salleron n’est guère optimiste. « Nous allons vers une grande glissade vers la fin de l’année 2024 », prévient-il tout en plaidant pour des mesures puissantes pour la relance du secteur de la construction et du logement neuf. Des mesures sans lesquelles, ajoute-t-il, « ce sont 150 000 emplois qui seront concernés dans le bâtiment », outre les postes qui risquent d’être perdus d’ici 2025. Le premier responsable de la Fédération française du bâtiment a, par ailleurs, fait remarquer qu’à l’horizon 2025, ce sont 300 000 emplois qui pourraient être supprimés, alors qu’en 2023, il annonçait un chiffre prévisionnel bien inférieur, à savoir 135 000 postes de travail menacés.
Des solutions à la crise du bâtiment existent toujours
En revanche, nuançant les propos d’Olivier Salleron, le secrétaire fédéral de la Fédération nationale des salariés de la construction et du bâtiment de la CGT, Pascal François, affirme au journal Libération que ces suppressions d’emplois pourraient être bien compensées par « les besoins énormes dans le nucléaire, la mise en conformité des réseaux électriques, la rénovation des ponts, des routes, et les 250 000 salariés annoncés pour la rénovation énergétique des bâtiments ».
Pour sa part, confirmant la « crise historique » qui frappe le secteur, Pierre Madec, spécialiste du logement et de l’immobilier au département analyse et prévision de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) et à Sciences-Po Paris, explique que « le secteur est traversé par des mouvements aussi structurels que conjoncturels ».
Cette crise s’explique par la baisse sur un an de 21, 5 % du nombre de mises en chantier, soit 280 100 chantiers lancés entre juin 2023 et mai 2024. Une contraction qui n’a pas été compensée par la croissance de la rénovation énergétique qui ralentit depuis janvier 2024. Le traitement des dossiers relatifs à cette aide a été divisé par quatre à cause de la concentration sur les seuls travaux de rénovations lourdes de MaPrimeRénov'. Un recentrage, toutefois, abandonné par le gouvernement depuis mars 2024 jusqu’à janvier 2025.