La Banque de France a révélé, le 19 mars 2025, un déficit historique de 7,7 milliards d’euros pour l’année 2024. Cette perte, qui marque un tournant pour l’institution, est le résultat d’une combinaison d’événements exceptionnels, notamment la pandémie de Covid-19 et l’invasion de l’Ukraine. Malgré ce revers, la Banque de France reste confiante quant à sa stabilité financière pour l’avenir.
La Banque de France a enregistré une perte nette de 7,7 milliards d’euros en 2024, un chiffre qualifié de « historique » par son gouverneur, François Villeroy de Galhau. Cette situation résulte d’une série de facteurs économiques mondiaux exceptionnels, à commencer par la pandémie de Covid-19, suivie par l’invasion de l’Ukraine. Ces événements ont perturbé les mécanismes économiques mondiaux et modifié les politiques monétaires en Europe, impactant directement la situation financière de la Banque centrale française.
Le principal facteur ayant contribué à cette perte est l’écart entre les taux d’intérêt fixés par la Banque centrale européenne (BCE) et ceux auxquels la Banque de France doit rémunérer les dépôts des banques commerciales. La Banque de France, qui avait investi massivement dans des obligations d’État et d’entreprises à faibles taux d’intérêt durant le cycle des taux bas, a vu ses marges se réduire drastiquement lorsque la BCE a augmenté ses taux pour lutter contre l’inflation, analysent nos confrères du Monde.
Des ajustements difficiles face à des taux divergents
Lors du cycle des taux bas, la Banque de France avait acheté de nombreuses obligations d’État et d’entreprises, qui généraient des intérêts fixes très faibles. Ces actifs, bien qu’étant des investissements sûrs, se sont avérés peu rentables avec la hausse des taux d’intérêt. En revanche, pour gérer les réserves des banques commerciales, la Banque de France devait rémunérer les dépôts à un taux bien plus élevé, ce qui a creusé une différence de coûts significative.
Cette situation a été exacerbée par les choix de politique monétaire différents, dictés par les crises successives. D’un côté, la pandémie a entraîné une politique monétaire très accommodante, tandis que l’invasion de l’Ukraine a précipité une politique plus restrictive pour lutter contre l’inflation. Ces mesures monétaires contrastées ont donc mis la Banque de France dans une position financière difficile à gérer.
Des réserves qui ont limité l’impact immédiat
Malgré cette perte nette de 7,7 milliards d’euros, la Banque de France a pu en atténuer l’impact grâce à l’utilisation de ses réserves constituées dans le passé. Ces réserves ont permis de compenser une partie de la perte opérationnelle, qui s’élevait à 17,9 milliards d’euros. En effet, la Banque de France a pu récupérer 10,1 milliards d’euros de ses réserves pour limiter l’ampleur de la perte nette.
La situation reste toutefois préoccupante pour l’État, car cette perte prive la Banque de France de l’opportunité de verser des impôts ou des dividendes. Toutefois, le gouverneur a insisté sur le fait que l’institution reste financièrement solide et qu’aucune recapitalisation de l’État n’est nécessaire à court terme.
Une amélioration attendue pour 2025, indique la Banque de France
Les perspectives pour l’année 2025 semblent plus optimistes. Selon François Villeroy de Galhau, la Banque de France prévoit une réduction de la perte pour l’année à venir. Bien que les effets de la politique monétaire de la BCE et des crises mondiales continuent d’avoir un impact, la Banque de France est confiante dans sa capacité à stabiliser sa situation financière.
La situation est également similaire pour d’autres banques centrales en Europe, comme la Bundesbank allemande, qui a également annoncé une perte historique de 19,2 milliards d’euros. Ces résultats montrent que les banques centrales européennes sont toutes confrontées à des défis similaires, liés à la politique monétaire exceptionnelle de ces dernières années.
En conclusion, la perte nette de la Banque de France en 2024 illustre les défis auxquels sont confrontées les institutions financières dans un contexte économique mondial de plus en plus instable. Toutefois, grâce à des réserves solides et à une gestion prudente, la Banque de France reste optimiste pour l’avenir. Les perspectives pour 2025 sont encourageantes, et l’institution prévoit une réduction de la perte, ce qui laisse entrevoir une reprise dans les années à venir.