Le gouverneur de la Banque de France défend l’idée de mobiliser l’épargne privée pour le financement de l’UE

Le gouverneur de la Banque de France propose de mobiliser les 300 milliards d’euros d’épargne européenne investis à l’étranger pour financer des projets stratégiques locaux. En créant un marché unique du financement, l’Europe pourrait renforcer son autonomie, stimuler l’innovation et accélérer sa transition énergétique tout en réduisant sa dépendance économique extérieure.

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Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, appelle au lendemain de l’investiture du président américain Donald Trump à mobiliser les 300 milliards d’euros d’épargne privée européenne actuellement investis à l’étranger.

Cette somme, principalement orientée vers les États-Unis, pourrait être redirigée pour répondre aux besoins d’investissement stratégique de l’Union européenne, notamment dans la transition énergétique et l’innovation technologique.

L’Europe, confrontée à des défis colossaux, tels que le financement de projets dans l’intelligence artificielle, les énergies renouvelables ou la défense, ne peut plus compter exclusivement sur les budgets publics ni sur les crédits bancaires. Ces limitations incitent à chercher d’autres ressources pour dynamiser les investissements, et l’épargne privée apparaît comme une solution sous-exploitée.

Une ressource abondante, mais mal utilisée

François Villeroy de Galhau a rappelé que l’Europe ne manque pas de capital, mais souffre d’un manque d’intermédiation financière efficace, contrairement aux États-Unis. Chaque année, près de 300 milliards d’euros d’épargne européenne quittent le continent pour être investis ailleurs, principalement outre-Atlantique. Ce phénomène reflète une insuffisance des mécanismes financiers permettant d’investir localement.

Pour maximiser cette ressource, le gouverneur de la Banque de France propose de flécher l’épargne vers des entreprises européennes. Parmi les pistes envisagées figurent la création d’un label européen pour les produits d’épargne investis en Europe, ainsi que l’émission d’obligations européennes destinées à financer des projets stratégiques.

Cependant, ces idées se heurtent à un obstacle majeur : l’absence d’harmonisation réglementaire et fiscale entre les pays membres de l’Union. François Villeroy de Galhau souligne l’importance de surmonter ces divergences pour instaurer un véritable marché unique du financement.

Une Union pour l’épargne et l’investissement

Pour atteindre cet objectif, une « union pour l’épargne et l’investissement » est envisagée. Ce projet ambitionne de rassembler les meilleures pratiques européennes pour créer un marché de capitaux performant, où l’épargne privée alimente directement l’économie.

Cette initiative pourrait permettre à l’Europe de concurrencer les États-Unis en matière de financement de l’innovation et de la transition écologique. En orientant les fonds européens vers des projets locaux, l’Union gagnerait en autonomie économique et en attractivité pour les investisseurs.

Un enjeu stratégique pour l’avenir

Mobiliser ces 300 milliards d’euros représente une opportunité unique pour réduire la dépendance européenne vis-à-vis des financements extérieurs. En stimulant les investissements dans des secteurs clés, comme les énergies renouvelables ou l’intelligence artificielle, l’Europe pourrait renforcer sa souveraineté économique et accélérer sa transition énergétique.

Toutefois, ce projet nécessite une coopération accrue entre les pays membres et une harmonisation des réglementations. Si ces défis sont relevés, l’épargne privée pourrait devenir un véritable moteur de croissance pour l’Europe, tout en répondant aux ambitions climatiques et technologiques de la région. Avec une vision claire et des mécanismes efficaces, l’Union européenne peut transformer cette ressource dormante en un levier stratégique pour son développement économique.

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