La Banque centrale européenne (BCE) se trouve à un tournant délicat, cherchant à concilier la lutte contre l’inflation et le soutien à la croissance économique. Après plusieurs hausses successives, la BCE amorce une baisse de ses taux d’intérêt, tout en restant prudente pour éviter de perturber une économie encore fragile.
L’inflation en zone euro, qui avait atteint 10 % fin 2022, est tombée à 2,4 % en décembre 2024, principalement grâce à la diminution des prix de l’énergie. Cependant, l’inflation dans les services, à 4 %, reste un problème majeur. Philip Lane, économiste en chef de la BCE, a déclaré le lundi 13 janvier quotidien autrichien Der Standard que cette composante doit encore baisser pour atteindre l’objectif de 2 % fixé par l’institution. Une réduction trop rapide des taux pourrait mettre en péril cet équilibre fragile.
Depuis juin 2024, la BCE a réduit ses taux de 100 points de base, les ramenant à 3 %. Ce niveau reste supérieur au taux neutre, estimé entre 1,7 % et 2,5 %, mais l’institution continue d’évaluer l’opportunité d’un assouplissement graduel. L’économiste de la BCE insiste sur la nécessité de trouver une « voie médiane » entre une politique trop agressive et une approche trop prudente.
Un impact mesuré sur la croissance
Si la baisse des taux d’intérêt est une bonne nouvelle pour les ménages et les entreprises, son impact sur la croissance reste limité à court terme. La BCE prévoit une croissance de 1,1 % pour 2025 et de 1,4 % pour 2026 dans la zone euro, des chiffres modestes qui reflètent encore les séquelles des crises précédentes. Selon Philip Lane, une croissance plus rapide serait souhaitable pour stabiliser durablement l’économie.
Toutefois, la BCE exclut pour l’instant le risque de récession. Un tel scénario nécessiterait des mesures drastiques, comme une accélération de l’assouplissement monétaire, mais les indicateurs actuels n’appellent pas de telles actions. L’objectif est donc de stimuler l’économie sans relancer une dynamique inflationniste.
Des perspectives pour les taux d’intérêt
Comme le rapportent nos confrères de la Tribune, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, estime que les taux directeurs pourraient se rapprocher de 2 % d’ici l’été 2025 si l’inflation continue de diminuer. Ce niveau, considéré comme neutre, permettrait de soutenir des secteurs comme l’immobilier, où les coûts d’emprunt freinent actuellement le redémarrage. Une baisse progressive favoriserait également une réduction du taux d’épargne des ménages, stimulant ainsi la consommation.
La BCE marche sur une ligne de crête, jonglant entre maîtrise de l’inflation et soutien à la croissance. Les décisions prises lors des prochains mois seront déterminantes pour confirmer la stabilisation de l’économie européenne. La prochaine réunion de politique monétaire, prévue pour le 30 janvier, pourrait éclaircir davantage la trajectoire que suivra l’institution pour répondre à ces défis.
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