Les augmentations de salaires en recul : les entreprises françaises dans l’attentisme

Les prévisions d’augmentations des salaires pour 2025 sont en recul selon une étude menée auprès de plus de mille entreprises françaises. Dans un contexte marqué par des incertitudes économiques et politiques, les négociations annuelles obligatoires semblent moins généreuses que les années précédentes. Si certaines entreprises optent encore pour des augmentations générales, d’autres misent sur des primes ou des avantages indirects pour compenser la perte de pouvoir d’achat.

Publié le
Lecture : 3 min
L'image montre des billets en euros examinés à l'aide d'une loupe, illustrant le thème des salaires et de leur réévaluation.
Les augmentations de salaires en recul : les entreprises françaises dans l’attentisme | Econostrum.info

Les augmentations de salaires prévues pour 2025 marquent un ralentissement, en raison d’un contexte économique incertain. Selon l’étude du cabinet WTW, de nombreuses entreprises revoient leur budget à la baisse, tout en privilégiant les hausses individuelles pour récompenser les salariés les plus performants. Les négociations annuelles obligatoires s’annoncent tendues, notamment dans les petites structures.

Selon l’étude Salary Budget Planning du cabinet WTW et rapporté par Le Monde, près de 46 % des entreprises françaises interrogées ont déclaré avoir réduit leur budget d’augmentation pour 2025 par rapport à 2024. Ce recul est justifié par plusieurs facteurs, notamment la baisse anticipée de l’inflation et les résultats financiers plus modestes que prévu.

Cependant, Khalil Ait-Mouloud, directeur des enquêtes de rémunération chez WTW, relativise cette baisse en rappelant que la médiane des augmentations reste à + 3,5 %, contre + 3,8 % en 2024. « Il faut se rappeler qu’entre 2010 et 2020, la médiane était autour de + 2,5 % », souligne-t-il, insistant sur le fait que certaines entreprises souhaitent continuer à compenser la perte de pouvoir d’achat des salariés après les fortes hausses d’inflation de 2022 et 2023.

Une priorité donnée aux hausses individuelles de salaires

L’étude WTW révèle un changement de stratégie de la part des entreprises, avec une priorité accordée aux augmentations individuelles. « Ceux qui vont le plus bénéficier des hausses sont les salariés jugés les plus performants », explique Khalil Ait-Mouloud et rapporté par Le Monde. Cette tendance marque un virage par rapport aux années précédentes, où les augmentations générales étaient privilégiées pour soutenir le pouvoir d’achat de l’ensemble des salariés.

Cette approche vise aussi à répondre aux difficultés de recrutement rencontrées par certains secteurs. Environ un tiers des entreprises déclarent avoir du mal à attirer ou retenir des talents, notamment dans les métiers qualifiés. Les hausses ciblées de rémunération sont donc perçues comme un levier pour rester compétitif sur le marché du travail.

Un contexte d’attentisme qui impacte les augmentations de salaires

Les négociations annuelles obligatoires (NAO) se déroulent dans un climat d’attentisme, selon le cabinet Secafi Alpha, qui analyse chaque année les accords signés entre directions et représentants des salariés. Alice Rustique, chargée d’études au Centre Études et Data du Groupe Alpha, note que « les incertitudes politiques, fiscales et économiques poussent les entreprises à retarder les négociations en espérant y voir plus clair ».

Le gouvernement, par exemple, a récemment relancé l’idée de surtaxer l’impôt sur les sociétés pour les grandes entreprises. Cette proposition inquiète les directions, car elle pourrait impacter leurs marges et limiter leurs possibilités d’augmentations salariales. « Les entreprises ont besoin de savoir à quelles mesures elles vont être soumises avant de négocier », précise Alice Rustique.

Des mesures périphériques pour compenser les faibles hausses des salaires

Face à la réduction des enveloppes dédiées aux augmentations générales, de nombreuses entreprises proposent des mesures alternatives pour compenser la baisse du pouvoir d’achat. 42 % des entreprises n’ont pas prévu de budget d’augmentations pour 2025 et privilégient des primes ou des avantages en nature.

Certaines entreprises innovent même en offrant des jours de congé supplémentaires à défaut de pouvoir accorder des hausses salariales. Ces initiatives visent à alléger le quotidien des salariés, notamment en permettant de faire le pont lors des nombreux jours fériés prévus en 2025.

Le ralentissement des augmentations générales de salaires reflète une période d’incertitude économique et politique en France. Si certaines entreprises cherchent à compenser la perte de pouvoir d’achat par des hausses ciblées, les PME et les associations de l’économie sociale et solidaire peinent à suivre le rythme. Les négociations annuelles obligatoires s’annoncent tendues, avec un risque accru de frustration chez les salariés, face à des mesures jugées parfois insuffisantes.

Une réaction ? Laissez un commentaire

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre Newsletter gratuite pour des articles captivants, du contenu exclusif et les dernières actualités.

Suivez-nous sur Google News Econostrum.info - Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités.

Laisser un commentaire

Partages