Lors d'une interview assurée par la Tribune Dimanche, le 8 octobre, la présidente de la Banque Centrale européenne, Christine Lagarde, s'est prononcée à propos de la hausse des salaires en perspective. Elle estime que les entreprises doivent apporter leur contribution, afin d'éviter de sombrer davantage dans l'inflation.
Les entreprises appelées à réduire leurs marges pour assurer la hausse des salaires
Lors de son entretien avec la Tribune Dimanche, la présidente de la BCE a déclaré que « L'inflation persiste, mais elle décroît. Elle est même en décélération constante. C'est une bonne nouvelle ». Selon elle, les entreprises « ont intérêt à accepter de prendre sur leurs marges – qui n'ont pas beaucoup évolué en 2022 – une partie des augmentations de salaire qui seront négociées cette année et la suivante ». Pour appuyer sa proposition, elle rappelle les précédentes déclarations du Président de la République, Emmanuel Macron, qui avait évoqué « un accord sur la modération des marges dans tout le secteur agroalimentaire ». Elle estime, par ailleurs, que « la baisse de la demande devrait (…) conduire » ces entreprises à suivre ce chemin. Elle précise également dans l'hebdomadaire que cette réduction des marges est « l'hypothèse intégrée dans (les) prévisions économiques » de la Banque Centrale.
L'inflation devrait prochainement connaître un recul, selon la directrice de la BCE
D'après Christine Lagarde, la BCE estime que « les entreprises se comporteront de la même façon que lors de crises précédentes, c'est-à-dire en réduisant un peu leurs marges pour intégrer une partie des hausses de salaires ». Toutefois, dans le cas où une telle mesure n'est pas entreprise, l'inflation risque de monter en flèche, tandis que les perspectives de croissance connaitront un recul. Par ailleurs, d'après les récentes prévisions de la Banque Centrale, l'inflation devrait reculer à 5,6 % au sein de l'Union européenne, après avoir été estimée à 8,4 % en 2022. Puis, elle devrait passer à 3,2 % en 2024 jusqu'à atteindre 2,1 % en 2025. Concernant la croissance, celle-ci devrait baisser à 0,7 %, alors qu'elle était à 3,2 % en 2022. Elle est estimée, selon la BCE, à 1 % en 2024 et devrait atteindre 1,5 % en 2025.
D'autre part, outre l'implication des entreprises dans la hausse des salaires, la présidente de la BCE estime qu'il existe un second problème qui affectera les perspectives économiques, en l'occurrence, celui de la hausse des prix des énergies. « Je pense qu'il faut s'habituer à l'idée que le prix du pétrole restera élevé. Ce qui doit nous inciter encore plus à poursuivre la lutte contre le changement climatique et à évoluer vers un mix énergétique moins dépendant des énergies fossiles et de fournisseurs extérieurs », a-t-elle indiqué.