Augmentation significative de la production de pétrole : vers une nouvelle chute des prix des carburants en France ?

L’Opep+ a décidé ce samedi 3 mai d’augmenter la production de pétrole de certains de ses membres, ce qui devra impacter les prix des carburants en France.

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Photo de réservoirs de carburants
Augmentation la production de pétrole de 411 000 barils par jour : vers une nouvelle chute des prix des carburants en France. Crédit : Canva | Econostrum.info

Les prix des carburants devront connaitre de nouvelles fluctuations en France dans les prochains jours. En effet, les membres de l’Opep+ ont annoncé ce samedi une augmentation marquée de leur production de pétrole pour le mois de juin, avec 411 000 barils par jour prévus, contre 137 000 initialement. Une production qui impactera les prix du pétrole déjà très bas et par ricochet les prix des carburants dans l’hexagone.

La décision des membres de l’Opep, qui s’inscrit dans un contexte de cours déjà bas, vise à accélérer la remise sur le marché de volumes longtemps maintenus en réserve. Cette hausse pourrait se répercuter directement sur les prix des carburants à la pompe, offrant une possible respiration pour les consommateurs.

Le communiqué publié indique que huit pays sont impliqués dans cette décision : l’Arabie saoudite, la Russie, l’Irak, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, l’Algérie et Oman. Ils se sont accordés pour accélérer la réintroduction de volumes précédemment gelés, amorcée en avril. Le plan initial prévoyait une remontée modérée de la production, mais le groupe opère désormais un virage stratégique.

Une stratégie offensive pour regagner des parts de marché

Selon Jorge Leon, de Rystad Energy, cette annonce est un signal fort : « L’Opep+ vient de lancer une bombe sur le marché pétrolier ». Il poursuit en déclarant qu’ « près le signal du mois dernier, la décision d’aujourd’hui envoie un message clair : le groupe change de stratégie et cherche à regagner des parts de marché après des années de coupes ».

Cette manœuvre intervient alors que les membres de l’Opep+ avaient, ces dernières années, limité l’offre pour soutenir les cours du brut, tout en conservant en réserve plusieurs millions de barils. Le revirement pourrait être également d’ordre diplomatique. Jorge Leon estime que cette orientation pourrait « tisser de bonnes relations avec les États-Unis de Donald Trump », ce dernier ayant publiquement demandé à l’Arabie saoudite de produire davantage afin de faire baisser les prix de l’énergie.

L’accord Opep+, scellé en 2016 entre les pays de l’Opep dirigés par Riyad et leurs alliés emmenés par Moscou, reste une pièce maîtresse du marché pétrolier. La nouvelle orientation, bien qu’audacieuse, comporte un risque : en relâchant massivement l’offre dans un marché déjà saturé, les prix pourraient chuter davantage, ce qui aurait un impact direct sur les revenus des pays producteurs.

Il faut dire que cette décision intervient dans une conjoncture défavorable aux prix du pétrole qui reculent en raison des tensions commerciales relancées par Donald Trump, avec l’annonce de droits de douane massifs contre ses partenaires économiques, et la décision de l’Opep+ d’augmenter sa production plus que prévu pour les mois d’avril et mai. Ces deux annonces ont fortement pesé sur les marchés, provoquant une baisse rapide du cours du brut.

Cette chute est accueillie favorablement en France, où les importations d’énergie pèsent lourd dans le déficit commercial. Selon les douanes, en février, l’énergie représentait 3,9 milliards d’euros sur un déficit total de 7,2 milliards. Chaque baril moins cher allège la facture énergétique du pays, et par extension, améliore la balance des paiements.

Des effets positifs pour les automobilistes avec la chute des prix des carburants

Le recul du baril se répercute partiellement sur les prix des carburants à la pompe. Fin avril, le prix du litre de gazole s’élevait à 1,57 euro, son plus bas niveau depuis fin 2021. Même si seulement 40 % du prix à la pompe dépend du pétrole brut — le reste étant composé de taxes stables —, cette diminution reste appréciable pour les particuliers comme pour les entreprises, notamment celles fortement consommatrices d’énergie. Des voix s’élèvent déjà pour espérer une stabilisation à 1,50 euro le litre dans les mois à venir, une possibilité qui s’approche avec cette nouvelle hausse de la production qui pourra tirer les prix du pétrole vers le bas.

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