Les fonds anciens à capital garanti (en euros) de l’assurance-vie sont de moins en moins attrayants en raison de leur rémunération modeste. Ironiquement, ils font face à la concurrence d’une nouvelle génération de contrats qui tirent pleinement parti du contexte actuel des obligations. Cela offre une opportunité aux épargnants, mais n’est pas sans risques.
En effet, France Assureurs affirme que l’assurance-vie a enregistré sa pire décollecte depuis mai 2020. Depuis le début de l’année en cours, les sorties nettes dépassent les 12 milliards d’euros sur les fonds en euro. Cette situation inquiète la Banque de France, qui constate que les Français retirent plus d’argent sur ces produits d’épargne qu’ils n’en déposent. Il faut dire que les taux moyens de ces assurances-vie ne dépassent pas les 2%, tandis que de nouveaux placements deviennent plus rentables, tels que le livret A, qui est rémunéré actuellement à 3% et bientôt peut-être plus.
Les assureurs-vie cherchent désormais à éviter les sorties massives. C’est dans ce contexte que la société d’assurance Corum Life a annoncé le lancement d’un fonds en euro baptisé Corum EuroLife. Il faut savoir que les fonds en euro sont composés d’obligations d’entreprises, d’emprunt d’État et d’actifs diversifiés.
« La hausse des rendements obligataires depuis plusieurs trimestres, en lien avec l’inflation et la remontée des taux d’intérêt, crée un contexte favorable à la conception de cette solution d’épargne, majoritairement composée d’obligations », explique Corum, dont le fondateur, Frédéric Puzin a indiqué qu’« il y a une fenêtre de marché favorable pour lancer un nouveau fonds en euros face à des fonds en euros concurrents qui sont pénalisés par un effet de stock, avec des coupons entre 0 et 1,5 % ». Corum Life ambitionne de dépasser le rendement net du Livret A cette année avec son fonds en euros, ne facturant que des frais de gestion de 0,6 % et exempt de frais de souscription, versements, arbitrage ou sortie.
Amandine Lézy, directrice de Corum Life, anticipe la possibilité de limiter la collecte en cas de forte demande des épargnants pour atteindre leur objectif d’être l’un des fonds en euros les plus performants du marché. De même, Ampli Mutuelle propose un contrat d’assurance-vie monosupport avec un potentiel de gains annuels nets de frais de gestion de 3,5 % à 4 %, tout en facturant 0,5 % de frais de gestion sur l’encours, sous réserve de la stabilité des taux. Ce produit cible les indépendants et les professions libérales.
Assurance-vie : quel intérêt pour ces nouveaux fonds ?
Depuis son lancement, le fonds a attiré près de 8,5 millions d’euros grâce à 147 adhésions, soit environ 35 adhésions par mois, avec un montant moyen de 57 000 euros par adhérent. Bien que les perspectives de rendement soient attractives, ce modèle suscite également des inquiétudes chez les concurrents. Guillaume Rosenwald, directeur général de MASCF épargne retraite, souligne les limites des nouveaux fonds en euros : l’absence de diversification et le risque d’épuisement à long terme en raison de leur investissement principalement en obligations.
De plus, ces nouveaux produits disposent souvent de réserves et de capitaux propres moins importants que les contrats plus matures, bien que des disparités significatives puissent exister d’une compagnie à l’autre. Cependant, le principal assureur des professionnels de santé, la MACSF, compte maintenir le cap. L’année dernière, son fonds en euros a surpassé la moyenne du marché en offrant un rendement net de 2,5 %, sans puiser dans ses réserves. Guillaume Rosenwald ajoute que la collecte nette reste positive pour leur fonds en euros.
Cependant, le renouvellement des obligations achetées dans des conditions prendra plusieurs années pour beaucoup d’autres assureurs. Les vieux fonds en euro devront aussi faire face à un risque d’hémorragie. « Les fonds en euros concurrents vont devoir gérer le risque de rachat. Pour autant, nous n’anticipons pas de mouvement massif de retraits sur les anciens fonds en euros. Mais si les taux se maintiennent à leur niveau actuel, les épargnants seront de plus en plus nombreux à se poser des questions », a affirmé Frédéric Puzin.
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