Le gouvernement poursuit sa politique de réduction des dépenses publiques en s’attaquant cette fois aux indemnités journalières des arrêts maladie. Une réforme qui vise à réduire le déficit public, mais qui soulève des inquiétudes du côté des syndicats et des travailleurs concernés. Son entrée en vigueur est prévue après la promulgation de la loi de financement de la Sécurité sociale.
Le texte sur la réduction des indemnités journalières fait partie du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025. Après plusieurs modifications visant à éviter une censure parlementaire, il a finalement été adopté grâce au recours à l’article 49.3 par le gouvernement. La dernière tentative d’opposition, une motion de censure déposée par La France Insoumise, a été rejetée par l’Assemblée nationale le 12 février.
Le budget de la Sécurité sociale prévoit plusieurs mesures, dont une hausse des dépenses de santé, avec un milliard d’euros supplémentaires alloué aux hôpitaux. Toutefois, pour compenser ces investissements, des réductions de dépenses sont également prévues, notamment sur l’indemnisation des arrêts de travail.
Un abaissement du plafond d’indemnisation des arrêts maladie
Actuellement, la Sécurité sociale couvre 50 % du salaire brut d’un salarié en arrêt maladie, dans la limite d’un plafond fixé à 1,8 Smic, soit 52 euros par jour. À partir de l’entrée en vigueur de la réforme, ce plafond sera abaissé à 1,4 Smic, réduisant l’indemnisation maximale à 40 euros par jour. Cette baisse de 12 euros quotidiens impactera les travailleurs aux revenus les plus élevés, qui devront compter sur leur mutuelle ou sur une éventuelle prise en charge par leur employeur pour compenser cette perte.
Un décret d’application est attendu dans les prochaines semaines afin de préciser les modalités de cette réforme. Selon les estimations du gouvernement, cette mesure pourrait générer entre 400 et 600 millions d’euros d’économies sur le budget de la Sécurité sociale, rapporte Capital.
Des syndicats vent debout contre cette réforme
Cette baisse des indemnités journalières est largement critiquée par les syndicats, qui dénoncent une mesure injuste et brutale. La CFDT estime qu’elle pénalise les salariés les plus fragiles, notamment ceux qui sont en arrêt prolongé, les salariés du particulier employeur et ceux ayant peu d’ancienneté. Pour ces travailleurs, l’absence de prévoyance complémentaire risque d’entraîner une perte de revenu conséquente en cas d’arrêt maladie prolongé.
D’autres organisations pointent du doigt une réforme qui s’inscrit dans une logique d’austérité budgétaire, alors que le gouvernement cherche à ramener le déficit public entre 5 % et 5,5 % du PIB en 2025. Cette mesure, bien que présentée comme un ajustement technique, risque d’aggraver la précarisation des salariés en arrêt de travail.
Un impact financier à surveiller
Avec cette réforme, le gouvernement espère réduire les dépenses publiques, tout en incitant les entreprises et les complémentaires santé à prendre davantage en charge les arrêts maladie. L’impact de cette mesure dépendra de la capacité des employeurs et des mutuelles à combler la perte financière pour les salariés concernés.
Alors que les syndicats demandent un retrait pur et simple de cette réforme, le gouvernement mise sur une mise en place progressive, à travers un décret détaillant les conditions d’application. L’enjeu sera de trouver un équilibre entre maîtrise des finances publiques et préservation du pouvoir d’achat des salariés en arrêt maladie.