Depuis le 1er mars 2025, la réforme des arrêts maladie dans la fonction publique a introduit une réduction importante des indemnités. Une mesure qui pourrait avoir des conséquences lourdes pour les fonctionnaires les moins bien rémunérés, notamment ceux des catégories C, déjà les plus fragiles.
Avant mars 2025, les fonctionnaires bénéficiaient d’une indemnisation de 100 % de leur salaire en cas d’arrêt maladie ordinaire. Désormais, cette indemnisation est réduite à 90 % du salaire pendant les trois premiers mois d’absence, une mesure qui vise à harmoniser les règles de la fonction publique avec celles du secteur privé, où cette baisse est déjà appliquée. Le gouvernement justifie cette réforme par la nécessité de réaliser des économies, estimées à 900 millions d’euros. Cependant, cette baisse des indemnités a un impact bien plus lourd sur certaines catégories d’agents, notamment ceux des catégories C.
Les fonctionnaires de catégorie C, les plus touchés
Les agents de catégorie C, qui représentent environ 75 % des effectifs de la fonction publique territoriale, sont les plus pénalisés par cette réforme. Leur salaire moyen se situe à 2 004 euros net par mois, bien en dessous de celui des agents des catégories A et B. La baisse de 10 % de leur rémunération pendant un arrêt maladie a donc des conséquences financières significatives. Par exemple, un agent de catégorie C, dont le salaire net est de 2 004 euros, perdra 200 euros de rémunération mensuelle en cas d’absence pour maladie ordinaire, ce qui peut représenter un manque à gagner difficile à gérer, surtout pour les plus bas salaires.
Les fonctionnaires de catégorie C travaillant dans les collectivités territoriales subissent un double préjudice. D’une part, leurs salaires sont parmi les plus bas de la fonction publique, et d’autre part, ces agents ne bénéficient pas de la prime Gipa (Garantie individuelle du pouvoir d’achat), qui avait été mise en place pour compenser les effets de l’inflation. Cette prime n’a pas été versée en 2024 et ne sera pas reconduite en 2025, ce qui accentue encore la pression financière sur les agents les plus vulnérables. Par exemple, un agent de catégorie C dans une collectivité territoriale, avec un salaire net de 1 965 euros, verra sa rémunération passer à 1 768,50 euros en cas de maladie d’un mois. Cette réduction de salaire, conjuguée à la suppression de la prime Gipa, a un effet dévastateur sur le pouvoir d’achat de ces agents.
Les réactions face à la réforme des arrêts maladie dans la fonction publique
Cette réforme a suscité de vives réactions de la part des syndicats et des fonctionnaires. Beaucoup dénoncent une mesure qui va à l’encontre des principes d’équité et de solidarité, en fragilisant les travailleurs les plus précaires. Les syndicats ont également souligné que, si la réforme vise à rapprocher les règles de la fonction publique de celles du secteur privé, elle oublie de prendre en compte les spécificités du secteur public, où les agents n’ont pas toujours la possibilité de compenser cette perte de revenus avec des primes ou des compléments de salaire comme cela se fait dans le privé.
Les fonctionnaires des catégories C, déjà confrontés à des conditions de travail souvent difficiles et à des salaires modestes, risquent donc de subir une précarisation accrue. Certains agents, de peur de perdre davantage en cas de maladie, pourraient hésiter à se mettre en arrêt, ce qui pourrait avoir un impact négatif sur leur santé et sur la qualité du service public. De plus, cette réforme risque d’aggraver la défiance envers la fonction publique et de nuire à l’image de l’État employeur.
Une mesure contestée avec des conséquences à long terme
L’impact de cette réforme pourrait se faire sentir sur le long terme, avec une démotivation accrue des fonctionnaires, notamment ceux des catégories les plus vulnérables. En réduisant les indemnités maladie, l’État risque non seulement d’aggraver les inégalités entre les différentes catégories de fonctionnaires, mais aussi de fragiliser encore davantage les agents publics les moins bien rémunérés. Cette situation pourrait entraîner une perte de motivation et un désengagement des agents publics, qui se sentent de plus en plus abandonnés.
En définitive, cette réforme, censée réaliser des économies, risque de fragiliser les fonctionnaires les plus précaires et d’affecter la qualité des services publics. En pénalisant les moins bien rémunérés, elle pourrait créer des inégalités et compromettre la cohésion du secteur public.








