Jouer sur les sentiments d’une personne pour lui extorquer de l’argent est une pratique en pleine recrudescence. Appelé aussi l’arnaque aux sentiments, ce procédé inquiète non seulement les particuliers, mais aussi les banques qui en sont indirectement victimes. D’ailleurs, ces établissements financiers viennent de tirer la sonnette d’alarme.
Les victimes de l'arnaque aux sentiments réclament souvent des indemnisations à leurs banques qui ont procédé aux virements des montants que les arnaqueurs ont demandés. Sauf que ces demandes ne sont pas souvent acceptées, car « la victime qui a fait le virement, elle a donné son consentement, c’est-à-dire son accord pour que le virement soit effectué. Par conséquent, la banque s’engouffre dans la brèche en disant qu’elle ne peut pas rembourser s’il y a eu consentement », explique à TF1 l’avocate en droit de la consommation et en droit bancaire, Me Emma Leoty.
Cependant, cela n’empêche pas les établissements financiers d'accéder parfois aux demandes des victimes. Le porte-parole d’une caisse régionale du Crédit Agricole estime, à ce sujet, qu’« au titre de la fraude, la décision de rembourser est basée sur le résultat d'investigations menées notamment au niveau des traces techniques, qu'elles soient factuelles ou réglementaires ». Le même responsable explique au journal Les Echos que « les sommes sont variables, mais ce sont souvent des centaines, voire des milliers d'euros qui sont dérobés ».
Le Crédit Agricole considère donc que la prévention est la meilleure solution pour éviter que l’arnaque ne soit perpétrée. L'établissement financier a d'ailleurs créé une cellule de 30 personnes pour lutter contre ce phénomène. La directrice générale adjointe du Crédit Agricole d'Île-de-France, Clotilde L’Angevin, explique que son établissement « a mis en place des outils très sophistiqués qui permettent d’identifier des connexions, des virements ou des opérations atypiques, par rapport au comportement habituel du client, puis de les bloquer éventuellement ».
Comment se protéger de l’arnaque aux sentiments ?
Toujours dans le cadre de la lutte contre la fraude aux sentiments, les banques et les organisations professionnelles du secteur des finances multiplient les campagnes de sensibilisation en direction de leurs clients et de leurs conseillers via des messages de prévention. BNP Paribas et la Fédération bancaire française recommandent aux Français de cesser de communiquer le code, le mot de passe ou l’identifiant bancaire.
Il est aussi conseillé de se méfier des sites de rencontres où pullulent ces escrocs. En créant de faux profils, les arnaqueurs nouent des relations avec leurs victimes, travaillent pour avoir leur confiance et passent, enfin, à l’étape ultime où ils demandent de l’argent. Après avoir empoché l'argent, ils disparaissent sans laisser de trace.
Un témoignage d'une victime diffusé par TF1 illustre bien ce phénomène. La victime affirme avoir reçu un SMS d'une personne qui se faisait passer pour son fils qui aurait perdu son téléphone. L’escroc l'a même appelé « maman ». Sous la panique, elle a accepté de lui envoyer la somme de 1 460 euros qu'il lui réclamait. Valérie Courtinat, qui témoignait sur TF1, ne s’est rendu compte de l’arnaque qu’à la deuxième demande de son vis-à-vis, qui voulait un virement de 1 900 euros.