Il suffit d’un simple message ou d’un petit prélèvement pour que tout bascule. L’arnaque dite « à la double détente » exploite la confiance des victimes en combinant astuce et psychologie. Même les consommateurs les plus attentifs peuvent se retrouver piégés en quelques minutes. Ce stratagème, de plus en plus répandu, s’avère redoutablement efficace et continue de se perfectionner, multipliant les victimes chaque année.
Selon Sud-Ouest, qui a enquêté sur cette arnaque, le procédé se déploie en deux étapes soigneusement orchestrées. Dans un premier temps, la victime reçoit un message ou un petit prélèvement sur son compte, souvent quelques centimes, ou un SMS lié à un service qu’elle utilise réellement, comme le télépéage ou la livraison de colis. Cette première approche, apparemment anodine, permet aux escrocs de tester la réactivité du compte ou de vérifier que le numéro ou l’adresse mail sont actifs. Elle sert également à créer un premier signal crédible sur lequel la suite de l’arnaque pourra se baser.
La seconde étape intervient quelques heures ou quelques jours plus tard. La victime est contactée par un faux conseiller bancaire, un agent de sécurité ou un service client prétendant avoir détecté une activité suspecte sur son compte. Le faux interlocuteur se réfère alors au premier incident, pour donner l’impression de légitimité. Le scénario est construit pour inspirer confiance tout en générant un sentiment d’urgence.
La victime est poussée à valider un code reçu par SMS, à installer un logiciel de prise en main à distance ou à transférer des fonds vers un compte soi-disant sécurisé. C’est à ce moment précis que l’escroc agit, parfois en siphonnant un compte entier en quelques minutes.
« 720€ (au moins) se sont évaporés de mon compte via un phishing à double-détente. J’ai franchement honte de m’être fait avoir, mais j’expose l’arnaque ici parce que cela permettra peut-être d’éviter la mésaventure à quelqu’un d’autre », témoigne une internaute sur X. Sud-Ouest rapporte le cas d’un Périgourdin, qui, en croyant payer une facture d’autoroute, a vu plus de 5 000 euros s’envoler de son compte.
Pourquoi il est difficile d’éviter l’arnaque double détente
La redoutable efficacité de la double détente repose sur l’impression de cohérence et le réalisme du scénario. Le premier incident légitime l’appel ultérieur, rendant plausible l’intervention du faux conseiller. Les escrocs maîtrisent parfaitement le langage bancaire et adoptent un ton rassurant mais pressant. Certains utilisent même le « spoofing », une technique qui permet de faire apparaître sur l’écran du téléphone le véritable numéro de la banque ou du service officiel, ce qui renforce encore la crédibilité de l’arnaque.
Pour se protéger, il est essentiel de se souvenir que les banques ne demandent jamais de codes de sécurité à distance, ni l’installation de logiciels, ni le transfert d’argent vers un compte soi-disant sécurisé. Tout message ou appel qui joue sur la peur, l’urgence ou la culpabilité doit susciter la plus grande méfiance. Dans le doute, raccrocher et rappeler l’institution via le numéro officiel reste la meilleure manière de se protéger.
En cas de fraude avérée, agir vite est crucial. Les victimes doivent immédiatement alerter leur banque et signaler la fraude à la police ou à la gendarmerie. Elles peuvent également déclarer l’escroquerie sur les plateformes officielles, www.signalconso.gouv.fr ou www.cybermalveillance.gouv.fr.
Plus la réaction est rapide, plus les chances de limiter les pertes sont importantes, rappelle Sud-Ouest. Cette arnaque, subtile et perfide, rappelle combien la vigilance reste indispensable, même pour les consommateurs les plus prudents.








