Pendant deux ans, 30 personnes tirées au sort recevront une rémunération de 1 600 livres par mois, soit un peu moins de 1 900 euros. L’objectif de cette expérience, menée dans deux villes d'Angleterre, est d’analyser le comportement de ces personnes avec cette somme d’argent qui va leur assurer une certaine stabilité financière.
30 personnes tirées au sort recevront 1 900 euros par mois pendant 2 ans
L’expérience sera menée à Jarrow, au nord de l’Angleterre et à East Finchley, un quartier de Londres. Ces deux villes n’ont pas été choisies au hasard par le Think Tank Autonomy. Jarrow est minée par la désindustrialisation et ses habitants y sont laissés pour compte. Tandis que Grange est une poche de misère au cœur de la grande et fortunée capitale anglaise. Le pouvoir d'achat de ses habitants a pris un coup depuis la pandémie de coronavirus.
Les trente élus vont recevoir 1 600 livres sans avoir à bouger le petit doigt, et ce, pendant une période de deux ans. Les bénéficiaires n'auront pas à déclarer ni à justifier ces revenus et peuvent choisir de travailler ou non durant cette période. Le but du test est d’analyser l’usage que feront ces bénéficiaires de cet argent. Cette allocation stimulera-t-elle de grands projets ou sera-t-elle, au contraire, une excuse pour se laisser aller à l'oisiveté ?
Une expérience inédite pour analyser le comportement des bénéficiaires
Le programme est financé par une association de mécènes privés. Matthew Johnson, chercheur en politique à l’université de Northumbria, explique que cet apport financier va déterminer si les bénéficiaires vont « s’investir dans une communauté, prendre des risques et monter des entreprises ». Le chercheur a pour mission d’évaluer les effets de cette mesure sur l’emploi et la santé mentale des personnes et estime que « la sécurité financière, c’est la pierre angulaire d’une société qui fonctionne ».
Les initiateurs du projet affirment que le système de minimas social enferme les allocataires dans un cercle vicieux qui engendre des coûts inutiles pour la société. « Ils attendent quatre à six mois avant de recevoir leur premier virement et voient leurs allocations réduites s’ils refusent un travail », a indiqué Lena Swedlow, une militante en faveur du revenu universel qui suit depuis deux ans l’élaboration de cette expérience. Le système actuel prolongerait les périodes de chômage et déboucherait sur des emplois qui ne couvrent pas les besoins essentiels des personnes.
49% de la population favorable au revenu universel
Cette insécurité financière engendrerait ensuite une « pandémie de la santé mentale », selon Matthew Johnson. La Sécurité sociale prend en charge des cas toujours plus nombreux de dépression et de stress à long terme, et « cela coûte plus cher à la société de ne rien faire que de faire face au problème », appuie le chercheur. Il sied de rappeler que le programme visant à mettre en place un revenu universel est très critiqué, en raison notamment de son coût astronomique pour les finances publiques.
D’un autre côté, les défenseurs du programme affirment qu’il parviendra à remplacer avec succès un système d’allocations inefficace et cher, dont les fonds iraient au financement de ce revenu universel. Aussi, les économies réalisées par le système de santé publique contribueront à financer le revenu universel, ainsi que la création d'une taxe carbone ou d’une taxe sur les entreprises. 49% de la population y seraient favorables, ainsi que de nombreuses personnalités politiques, parmi lesquelles le maire de Londres, Sadiq Khan. Une lettre ouverte a été adressée au Premier ministre par 285 personnalités politiques pour examiner cette proposition.