Alternance 2025 : une baisse du salaire net des apprentis confirmée, voici pourquoi

À partir du 1er mars 2025, les apprentis en contrat d’alternance verront leur salaire net diminuer en raison de nouvelles règles prévues dans le budget de la Sécurité sociale. Deux mesures sont en cause : la réduction du plafond d’exonération des cotisations salariales et l’assujettissement des rémunérations à la CSG et à la CRDS. Cette réforme pourrait représenter une perte de 146 euros nets par mois pour certains apprentis. Ces nouvelles dispositions risquent d’affecter l’attractivité de l’apprentissage, un secteur pourtant en plein essor.

Publié le
Lecture : 3 min
Des apprentis en formation écoutent un instructeur dans un atelier, illustrant l’apprentissage en milieu professionnel.
Alternance 2025 : une baisse du salaire net des apprentis confirmée, voici pourquoi | Econostrum.info

Le gouvernement a décidé d’ajuster les exonérations fiscales appliquées aux contrats d’apprentissage, entraînant une réduction des salaires nets des alternants dès mars 2025. L’objectif affiché est de réduire le déficit de la Sécurité sociale. Cette réforme inquiète les apprantis en formation, qui craignent une dégradation de leurs conditions financières.

Depuis 2019, les apprentis bénéficient d’une exonération quasi totale des cotisations salariales jusqu’à 79 % du Smic. Cela signifie que seules les rémunérations supérieures à ce seuil étaient soumises aux charges sociales.

Dès mars 2025, ce plafond sera abaissé à 50 % du Smic, entraînant une augmentation des prélèvements sur une plus grande partie du salaire des apprentis. Selon un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) et de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), cette modification permettra à l’État d’économiser 278 millions d’euros par an.

Ce changement concerne en priorité les apprentis les plus avancés dans leur formation, dont le salaire peut atteindre jusqu’à 100 % du Smic, et qui seront les premiers touchés par la réduction de leur revenu net disponible.

L’introduction de la CSG et de la CRDS sur les salaires des apprentis

En plus de cette réduction du plafond d’exonération, le gouvernement prévoit d’assujettir à la CSG (9,2 %) et à la CRDS (0,5 %) les rémunérations des apprentis au-delà de 50 % du Smic. Jusqu’à présent, les apprentis étaient totalement exonérés de ces contributions, contrairement aux salariés en contrat de professionnalisation, qui y sont soumis.

Les exonérations de CSG et de CRDS appliquées aux salaires des apprentis représentent une perte estimée à 1,2 milliard d’euros pour la Sécurité sociale en 2023. En les supprimant partiellement, l’État espère renflouer les comptes publics, mais au détriment du pouvoir d’achat des alternants.

Une perte nette de 146 euros par mois pour certains apprentis

Les effets concrets de cette réforme se traduiront par une baisse significative du salaire net des apprentis, notamment ceux qui touchent au moins 50 % du Smic. Pour un apprenti payé au Smic (1 800 euros brut par mois), cela entraînera une perte nette de 146,43 euros mensuels.

Cette diminution s’explique par une double augmentation des charges. D’une part, les cotisations sociales appliquées à la rémunération au-delà de 50 % du Smic vont fortement augmenter, passant de 83 euros à 198 euros brut par mois. D’autre part, l’ajout de la CSG et de la CRDS réduira encore davantage le salaire perçu.

Les apprentis les moins bien rémunérés, qui perçoivent 27 % à 50 % du Smic, seront moins impactés, mais cette réforme pourrait tout de même fragiliser l’attractivité de l’alternance, un dispositif pourtant encouragé ces dernières années.

Une réforme qui inquiète les jeunes et les entreprises

Face à cette baisse de salaire, des organisations comme l’Association nationale des apprentis de France (Anaf) expriment leurs inquiétudes. Elles redoutent que ces nouvelles mesures découragent les jeunes à s’engager dans l’apprentissage, un secteur qui a pourtant connu un essor important ces dernières années, rapporte mercipourlinfo.

L’alternance, en permettant aux étudiants de concilier formation et emploi, constitue une solution efficace contre le chômage des jeunes. Une baisse des revenus pourrait freiner l’intérêt pour ce type de contrat, en particulier parmi les jeunes issus de milieux modestes qui comptent sur ces revenus pour financer leurs études et leur logement.

Du côté des entreprises, cette réforme pourrait également avoir des conséquences, notamment sur les décisions d’embauche d’apprentis. Certains employeurs pourraient revoir à la baisse le nombre de contrats proposés, craignant une baisse de motivation des candidats ou un taux d’abandon plus élevé en raison de la précarisation des alternants.

Un avenir incertain pour l’apprentissage en France

Si le gouvernement justifie cette réforme par la nécessité de rééquilibrer le budget de la Sécurité sociale, son impact sur l’apprentissage pourrait être contre-productif. L’alternance est un levier majeur d’insertion professionnelle, qui a permis à près d’un million de jeunes d’intégrer le marché du travail ces dernières années.

La question reste de savoir si cette baisse de salaire aura un impact durable sur l’attractivité du dispositif. Certains syndicats et associations demandent déjà des ajustements, voire une exonération partielle des nouvelles charges pour éviter de pénaliser les jeunes en formation.

Si aucune modification n’est apportée, cette réforme pourrait bien modifier en profondeur le paysage de l’apprentissage en France, et remettre en question l’engagement des jeunes et des entreprises dans ce modèle de formation.

Laisser un commentaire

Partages