Le gouvernement prévoit de repousser de 14 à 18 ans l’âge de la revalorisation des allocations familiales. Cette mesure, qui devrait permettre à l’État d’économiser près de 200 millions d’euros dès 2026, servira à financer le nouveau congé de naissance, accordé à chaque parent après l’arrivée d’un enfant. Un jeu d’équilibre budgétaire qui soulève déjà de nombreuses questions.
Actuellement, les familles perçoivent une majoration de leurs allocations familiales dès que leur deuxième enfant atteint l’âge de 14 ans. Cette revalorisation mensuelle varie entre 18,88 euros et 75,53 euros, selon les revenus du foyer. Avec la réforme, cette revalorisation ne serait plus versée avant les 18 ans de l’enfant, un changement qui entraînerait d’importantes pertes pour de nombreux ménages.
Selon les estimations, les familles les plus modestes, dont les revenus ne dépassent pas 78 565 euros par an, seraient les plus touchées, perdant jusqu’à 906 euros par an pour deux enfants de plus de 14 ans. Celles dont les revenus sont moyens, entre 78 565 et 104 719 euros, subiraient une perte annuelle d’environ 453 euros, tandis que les foyers plus aisés perdraient 226 euros.
Les plus pénalisés par la réforme des allocations familiales
Les familles nombreuses seront encore davantage pénalisées. Un foyer avec trois enfants, dont au moins un âgé de plus de 14 ans, verrait son allocation mensuelle chuter, entraînant une perte annuelle pouvant atteindre 2 700 euros pour les revenus les plus faibles.
Pour le gouvernement, ce décalage n’est pas un simple rabot, mais une mesure de « rééquilibrage ». D’après la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, cette réforme repose sur des études, notamment celles de la Drees, qui montrent que le coût d’un enfant devient sensiblement plus élevé à partir de 18 ans qu’à 14 ans. L’aide arriverait donc, selon elle, « au moment où elle est la plus efficace ».
En quoi consiste ce nouveau congé de naissance ?
Selon Le Parisien, 200 millions d’euros d’économies dégagées par ce décalage de la revalorisation des allocations familiales serviront directement à financer le nouveau congé de naissance, une mesure phare du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026.
Concrètement, le nouveau congé de naissance permettra à chaque parent de bénéficier de deux mois supplémentaires après l’arrivée d’un enfant, rémunérés à 70 % du salaire net le premier mois, puis 60 % le second. Il viendra s’ajouter aux congés maternité et paternité existants, offrant ainsi davantage de temps aux jeunes parents.
Selon la ministre de la Santé Stéphanie Rist, cette mesure est « autofinancée » et n’alourdira pas le déficit de la Sécurité sociale. Elle sera entièrement financée par les économies réalisées sur les allocations familiales, dont la revalorisation serait désormais repoussée de 14 à 18 ans.
Les associations dénoncent une mesure injuste
Les associations familiales critiquent vivement cette réforme qu’elles jugent injuste et pénalisante pour de nombreuses familles, surtout celles avec des adolescents. Elles dénoncent le fait que le gouvernement retire une aide existante pour en financer une autre, au détriment de foyers déjà fragilisés.
Selon Émilie Souplet, de l’association Familles de France, citée par Le Figaro, le coût d’un adolescent est bien plus élevé qu’un jeune enfant (jusqu’à 293 euros de plus par mois), en raison de dépenses accrues pour la nourriture, l’éducation et les loisirs. Retarder la revalorisation des allocations familiales de 14 à 18 ans reviendrait donc, selon elle, à alourdir la charge financière des familles au moment où elles ont justement le plus besoin d’aide.








