Allocations chômage : vers des conditions d’attribution plus dures pour les jeunes et les précaires ?

Une réforme des allocations chômage pourrait rendre l’indemnisation plus difficile d’accès pour certains travailleurs, notamment les jeunes et les précaires.

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Allocations chômage : vers des conditions d'attribution plus dures ? - Crédit : AFP | Econostrum.info

Le gouvernement souhaite durcir l’accès aux allocations chômage, en modifiant les conditions d’affiliation. Si la réforme est adoptée, certains travailleurs, notamment les jeunes et les précaires, pourraient se retrouver exclus du système d’indemnisation.

Actuellement, pour obtenir les allocations chômage, un salarié doit justifier d’au moins six mois de travail au cours des deux dernières années. Toutefois, pour les plus de 53 ans, cette règle est assouplie, avec une période d’affiliation de six mois sur les deux ans et demi précédents. Le projet du gouvernement consiste à allonger cette durée d’affiliation à huit mois de travail sur les 20 derniers mois, soit une mesure plus restrictive qui pourrait concerner une large partie des demandeurs d'emploi, notamment les plus jeunes.

Cette réforme s’inscrit dans la continuité des mesures prises dans le cadre du décret Attal de 2024, qui avait déjà proposé de modifier les critères d’éligibilité. Le ministère du Travail, bien que ne fixant pas encore de nouvelles règles définitives, souhaite ouvrir les négociations avec les partenaires sociaux pour affiner cette proposition, rapporte Capital.

Les jeunes travailleurs, grands perdants de cette réforme des allocations chômage ?

Les jeunes travailleurs seraient les premiers à pâtir de cette réforme. En début de carrière, beaucoup d’entre eux enchaînent des contrats courts, tels que des CDD ou des missions d’intérim, ce qui rend difficile l’accumulation des huit mois de travail sur les 20 derniers mois requis pour prétendre aux allocations. De plus, les jeunes, qui alternent souvent entre petits boulots précaires et activités non salariées (freelance, auto-entreprenariat), seraient particulièrement pénalisés.

Même lorsqu’ils parviennent à remplir les critères d’affiliation, le montant de leur allocation chômage reste faible, car il est calculé en fonction de leur salaire journalier de référence (SJR), qui est lui-même bas en raison de leur faible rémunération. Les travailleurs indépendants ne sont pas non plus épargnés, bien que des allocations dédiées aux travailleurs indépendants (ATEI) existent. Cependant, ces allocations imposent des conditions strictes, notamment en termes de chiffre d’affaires, ce qui rend leur accès encore plus difficile pour les jeunes à faibles revenus.

Une protection qui se fragmente

Bien que des mesures de protection aient été mises en place l’année dernière pour les jeunes et les seniors, cette réforme pourrait faire évoluer la situation de manière défavorable pour ces publics fragiles. Si cette réforme s’applique, les jeunes travailleurs et les seniors devront redoubler d’efforts pour cumuler suffisamment de mois de travail pour avoir accès aux allocations chômage. Le gouvernement, cependant, assure qu’il restera attentif à la vulnérabilité de ces catégories, tout en laissant une certaine liberté aux partenaires sociaux pour ajuster les règles.

Le durcissement des conditions d’accès aux allocations chômage, bien que soumis à des négociations, représente un tournant pour de nombreux travailleurs, notamment les jeunes et les travailleurs précaires. Les changements proposés pourraient rendre plus difficile l’accès à une protection sociale pour ceux qui en ont le plus besoin. Les discussions à venir entre le gouvernement et les partenaires sociaux détermineront les modalités définitives de cette réforme.

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