La crise sanitaire qui a impacté le monde entier a été révélatrice de certaines faiblesses dans les économies mondiales. En France, cette période a révélé beaucoup de manque en ce qui concerne l’approvisionnement en produits alimentaires.
Alimentation : combien pourrait tenir Paris en cas de crise ou blocus ?
L'alimentation fait partie des secteurs névralgiques de tous les pays. En France, certaines lacunes ont été révélées lors de la crise sanitaire, notamment dans la capitale, d'où la question sur la capacité de Paris de tenir en cas de blocus ou de crise majeure.
Une étude initiée par la mairie de Paris révèle que la capitale française disposerait de denrées pour nourrir ses habitants pendant cinq à sept jours seulement en cas de crise majeure, de catastrophe naturelle, comme une inondation, ou de blocus, faute de capacités de stockage suffisantes.
Rendue publique le 29 octobre, cette étude réalisée par l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) est donc alarmante. L'étude est faite dans le cadre de sa « stratégie de résilience » lancée en 2022 par la mairie de Paris pour anticiper, avec la préfecture, divers scénarios de crise.
Réagissant à cette étude, Pénélope Komitès, adjointe à la maire de Paris en charge de la résilience et de la prospective, explique que « la rupture d’approvisionnement a été identifiée comme un risque majeur ». Un risque déjà mis en avant lors de la crise sanitaire du Covid-19 et les menaces de blocage d’agriculteurs en 2023.
Toutefois, tout en soulignant que les autorités ne disposaient d’aucune donnée fiable sur la résilience alimentaire, adjointe à la maire de Paris indique : « On parlait de trois jours d’autonomie, sans savoir d’où venait ce chiffre ». L'étude de l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) donne donc plus de précisions. L'autonomie de Paris serait de « cinq à sept jours », soit deux jours au moins d'autonomie de plus que ce qui se disait. Ce qui est finalement « plutôt rassurant », selon l'élue.
Dans le détail, l'étude évalue à 3 090 tonnes le besoin de denrées pour nourrir les 2 146 000 Parisiens et proposer 6,5 millions de repas chaque jour. Le cabinet, créé en 1967 pour accompagner les politiques publiques, ajoute que si on élargit les calculs à la Métropole du Grand Paris, il faut 10 060 tonnes quotidiennes pour nourrir les 7,1 millions d’habitants du territoire.
Les stockages de l'alimentation sont très faibles
Ces besoins des populations sont habituellement assurés par des flux de denrées. Les stockages sont très faibles selon l'étude qui indique qu'ils se divisent en trois sources. Les placards des Parisiens représenteraient entre 1,5 et 5 jours en moyenne. Les stocks disponibles dans les commerces ou les établissements de restauration collective représentent deux jours de denrées. Enfin, les cinq entrepôts de logistique alimentaire identifiés dans Paris totalisent 1,5 à 2 jours d’autonomie alimentaire.
L'étude souligne également que la production locale de denrées alimentaires est assez faible en tonnages. En 2023, les 61 sites d’agriculture urbaine Parisculteurs ont produit 240 tonnes de fruits, souligne l'Apur. Le directeur de l’Apur, Alexandre Labasse, explique que « l’intérêt est d’identifier ce qu’on peut stocker localement, pour savoir comment continuer à alimenter la capitale en cas de catastrophe, comme une crue de la Seine, ou un blocus routier ou ferroviaire ».
Il rappelle que « pendant le Covid où il n’y avait plus de pâtes ou de papier toilette dans les supermarchés, on s’est rendu compte que tout notre système était fondé sur le flux ». Ce système est en opposition à la « logique du stock, à l’origine des premières villes de la Mésopotamie qui conservaient les récoltes », note Alexandre Labasse.