En 2024, les importations de véhicules de moins de 3 ans ont connu une hausse spectaculaire en Algérie, marquant une augmentation de 150 % par rapport à l’année précédente. Ces chiffres, publiés par le Conseil national des assurances (CNA) dans un rapport portant sur l’activité du marché au 30 septembre 2024, témoignent de l’impact des récentes réformes sur un secteur automobile en crise.
Depuis plusieurs années, le marché automobile algérien souffre d’une crise structurelle, due à un accès limité aux véhicules neufs et à une flambée des prix des véhicules d’occasion. En réponse, le gouvernement a autorisé, en février 2023, l’importation de voitures d’occasion de moins de trois ans dans le cadre du décret exécutif n° 23-74. Dès la mise en œuvre de cette mesure, l’engouement des Algériens pour ces importations a été immédiat.
Selon le CNA, 9 970 véhicules de moins de trois ans ont été importés en 2023. En 2024, ce chiffre a bondi à 26 562 unités au cours des six premiers mois de l’année. Cette hausse est attribuée à l’intérêt des consommateurs pour des véhicules importés à des prix compétitifs, notamment en provenance de Chine, où les tarifs sont souvent inférieurs à ceux pratiqués en Europe.
Des restrictions freinent la dynamique de l’importation des véhicules de moins de 3 ans
Cependant, plusieurs mesures réglementaires ont ralenti cette tendance de l’importation de véhicules de moins de 3 ans en fin d’année. Le 1ᵉʳ octobre 2024, le ministère de l’Intérieur a annoncé un gel temporaire de la délivrance des cartes grises pour les véhicules importés de moins de trois ans. Cette décision, justifiée par des ajustements administratifs, a perturbé la mise en circulation des véhicules déjà importés, créant un climat d’incertitude chez les acheteurs.
En outre, la loi des finances 2025 introduit une nouvelle règle : les véhicules importés sont désormais incessibles pendant trois ans, sauf dans des cas spécifiques, et nécessitent le remboursement des avantages fiscaux en cas de revente. Enfin, une limitation stricte des devises a été mise en place le 21 novembre 2024. Les Algériens ne peuvent désormais exporter que 7 500 euros par an, une restriction qui complique les achats de véhicules à l’étranger, où les prix des voitures dépassent souvent ce plafond.
Selon le CNA, les importations de véhicules d’occasion ont stimulé le marché des assurances, avec une croissance de 6,4 % des chiffres d’affaires liés à l’assurance automobile en 2024. Malgré ces apports, les nouvelles réglementations et les obstacles financiers posent des défis à la pérennité de cette dynamique. Ces ajustements montrent la nécessité d’une stratégie plus cohérente pour relancer durablement le secteur automobile en Algérie.