Les nouvelles mesures douanières européennes visant à instaurer une taxe carbone aux frontières suscitent des questions sur leur effet potentiel sur les exportations algériennes. Bien que cette réglementation entrera en vigueur dès 2026, son impact devrait rester « limité » selon plusieurs experts, grâce à la composition des exportations du pays.
Lors du Sommet Africa Global Impact organisé à Alger le 15 décembre 2024, François Salviat, spécialiste des mécanismes d’ajustement carbone, a affirmé que la majorité des exportations algériennes échapperont à cette taxe. « La grande partie des exportations algériennes est constituée d’hydrocarbures, qui ne figurent pas dans la liste des produits soumis à cette taxe », a-t-il précisé.
En revanche, les secteurs hors hydrocarbures seront partiellement touchés. Les produits visés incluent le ciment, les fertilisants, ainsi que le fer et l’acier, qui font partie des six catégories concernées par le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) de l’Union européenne.
Les secteurs ciblés misent sur la décarbonation
Face à cette nouvelle réalité, des entreprises algériennes ont déjà initié des projets de décarbonation. Lors du même sommet, Merzak Zeboudj, directeur du développement industriel au sein du groupe GICA, a rappelé : « Nous travaillons depuis 2012 sur l’efficacité énergétique, qui reste la solution la plus accessible pour réduire les émissions de CO2 ».
De son côté, Lyes Bahloul, responsable du projet de séquestration du CO2 chez Holcim, a présenté une approche plus ambitieuse. « L’étude de faisabilité pour la séquestration du CO2 est finalisée. Il reste à relever trois défis : fédérer les acteurs, établir un cadre réglementaire pour le captage du carbone et mobiliser les financements nécessaires », a-t-il déclaré.
Sonatrach s’adapte malgré son exemption
Bien que les hydrocarbures ne soient pas concernés par la taxe carbone, Sonatrach anticipe les futures évolutions environnementales. Foudhil Cherif Abdelkader, directeur de la gestion environnementale de Sonatrach, a indiqué : « Nous nous engageons à atteindre l’objectif de zéro torchage d’ici 2030 et à planter 420 millions d’arbres pour renforcer le stockage naturel du carbone ». Cette déclaration reflète une volonté d’adaptation aux normes internationales croissantes.
Alors que l’impact immédiat de la taxe carbone européenne semble limité pour l’Algérie, les secteurs concernés s’orientent vers des solutions durables pour rester compétitifs. Les programmes de décarbonation en cours montrent une prise de conscience croissante des défis environnementaux et économiques à venir.