Le taux de change des devises étrangères, qui a amorcé une courbe haussière depuis plusieurs jours, bat record sur record sur le marché noir. La devise unique européenne flambe d’une façon inédite. Face à cette situation, des questions se posent sur les raisons de cette flambée et les solutions à mettre en place pour la freiner.
Le marché noir des devises s’est encore affolé depuis le samedi 28 septembre. Les monnaies étrangères se maintiennent à un niveau record. L’euro a particulièrement bondi sur les principales places de change au noir, notamment au Square Port-Saïd, le marché le plus connu du pays. La devise unique européenne s’échange exactement à 249,5 dinars à l’achat et à 251,5 dinars à la vente, dépassant ainsi la barre symbolique des 250 DA. Un nouveau record prévisible au vu de la courbe haussière affichée par cette monnaie depuis plusieurs jours.
De son côté, le dollar américain a également battu un nouveau record. Il s’échange à 223,5 dinars à l’achat et à 225,5 dinars à la vente ce dimanche. Quant au dollar canadien, prisé par les Algériens qui comptent une communauté importante dans le pays nord-américain, il est resté stable. Il s’échange à 159 dinars à l’achat et à 161 dinars à la vente.
Pourquoi cette hausse du taux de change de l’euro et du dinar ?
La hausse spectaculaire du cours de l’euro sur le marché noir suscite des interrogations. Les éléments de réponse se trouvent dans le fonctionnement même de ce marché qui répond à un phénomène chaotique, combinant des données économiques et d’autres qui échappent aux analystes.
Cependant, le marché noir des devises est notamment régi par la loi de l’offre et de la demande. La forte hausse de cette dernière, conjuguée au recul de l’offre, fait mécaniquement flamber le cours des devises.
Comment freiner la flambée des devises étrangères ?
La flambée des devises étrangères, notamment l’euro et le dollar, est suivie avec un grand intérêt par les Algériens. Les analystes et les experts financiers, de leurs côtés, s’intéressent à la question et se sont exprimés sur divers médias. Sofiane Mazari, directeur de la Division finance islamique au CPA et analyste financier, a indiqué au journal étatique El Moudjahid que l’écart croissant entre le taux de change officiel et celui pratiqué sur le marché parallèle « pose un défi majeur pour l’économie ».
Pour cet expert, la flambée de l’euro est due à « la rareté des devises disponibles sur le marché formel ». Pour freiner cette flambée, le directeur de la Division finance islamique au CPA souligne l’importance d’activer plusieurs leviers pour réduire cet écart et stabiliser le dinar.
Pour y arriver, il est essentiel de « renforcer la disponibilité des devises » explique l’expert en élargissant « les sources de revenus en encourageant les exportations dans des secteurs variés comme l’agriculture, l’industrie manufacturière et le tourisme ». Il ajoute également qu’en investissant dans l’innovation et la modernisation des infrastructures, « l’Algérie pourrait non seulement augmenter ses revenus en devises, mais également créer des emplois et stimuler le développement économique ».
Par ailleurs, l’expert préconise de mettre en place des mécanismes pour faciliter l’entrée de capitaux internationaux. À travers ces mécanismes, le pays « pourrait diversifier ses sources de devises, améliorant ainsi sa position sur le marché des changes », indique-t-il. La facilitation des transferts de devises légaux permettra également de renflouer les caisses de l’État, selon Sofiane Mazari qui explique que « cela pourrait inclure l’assouplissement des restrictions sur l’allocation de devises aux citoyens et aux entreprises, ainsi que la mise en place de mécanismes bancaires transparents qui permettent des transferts de devises en toute légalité ».
L’expert plaide également pour une harmonisation du taux de change avec l’économie réelle pour qu’il reflète plus fidèlement les réalités économiques du pays. La flexibilité du taux de change est une étape importante pour y arriver. Sofiane Mazari explique que cette démarche « permettrait au dinar de s’ajuster en fonction de l’offre et de la demande, tout en donnant à la Banque d’Algérie la possibilité d’intervenir ponctuellement pour stabiliser le marché et éviter des fluctuations excessives ». Un tel ajustement « contribuerait à réduire la spéculation et à encourager un environnement économique plus stable », affirme l’expert.