En Algérie, le taux de change au marché noir des devises connaît une période de bouleversement, marquée par une chute notable des cours de l’euro et du dollar par rapport au dinar. Cette baisse, entamée début décembre, plonge cambistes et acteurs économiques dans une grande incertitude.
En effet, après une flambée en septembre, atteignant un sommet historique avec l’euro à 262 dinars et le dollar à 248 dinars, les cours des devises étrangères ont connu une chute rapide et imprévue. À ce jour, l’euro s’échange à environ 247 dinars, soit une baisse de 15 dinars en deux semaines. Le dollar pour sa part s’échange à 235 dinars perdant ainsi 13 dinars en quelques jours.
Cette chute brutale a surpris les cambistes, qui peinent à en identifier clairement les causes. Selon certains, la vente massive d’euros détenus par des épargnants craignant des pertes pourrait expliquer ce phénomène. Cependant, les raisons de la débandade des devises étrangères sont multiples.
L’impact des mesures prises par le gouvernement sur le taux de change au marché noir
Le gouvernement algérien a annoncé ces dernières semaines une batterie de mesures susceptibles de bouleverser durablement le marché des devises. Parmi celles-ci, l’augmentation de l’allocation touristique à 750 euros par adulte, contre 100 euros auparavant, devra réduire la dépendance des voyageurs au marché parallèle.
Cette réforme, qui entrera en vigueur en janvier 2025, pourrait fortement tirer la demande de devises sur le marché noir à la baisse.
En parallèle, un nouveau règlement limite les sorties de devises à 7500 euros par an, contre 7500 euros par voyage auparavant. Ces mesures visent à contrer les circuits informels et à encadrer l’utilisation des devises, tout en réduisant l’attractivité du marché noir.
Le marché noir répond à un phénomène chaotique
Le marché noir des devises, par sa nature informelle, reste difficile à analyser. Les fluctuations des cours sont souvent influencées par des facteurs peu transparents, comme les besoins imprévus d’importateurs ou les stratégies des barons de l’informel. De plus, la structure de la demande, partagée entre petits acheteurs (touristes, étudiants, malades) et grands acteurs informels, rend les prévisions incertaines.
Selon certains observateurs, si la nouvelle allocation satisfait principalement les besoins des petits acheteurs, une chute spectaculaire des cours pourrait s’ensuivre. En revanche, si les gros acheteurs dominent la demande, le marché parallèle pourrait se déplacer vers d’autres pays, comme la Turquie, où l’euro s’échange déjà à des taux supérieurs.
Jusqu’à quand cette chute des devises ?
Les premières semaines de janvier 2025 seront cruciales pour évaluer l’impact des réformes sur le marché des devises. Les autorités devront surveiller de près les réactions des acteurs du marché noir et ajuster leurs politiques en conséquence. Si le gouvernement parvient à stabiliser les échanges officiels et à réduire l’informel, cela pourrait marquer un tournant historique dans la gestion des devises en Algérie.
Cette situation illustre les défis auxquels est confrontée l’économie algérienne dans sa lutte contre l’informel, et les réformes en cours pourraient constituer une opportunité de rééquilibrer le marché financier du pays.