Rachat des actions de Naturgy par l’émirati Taqa : l’Algérie garde la main sur le dossier

Le rachat de Naturgy par Taqa reste bloqué en l’absence d’approbation d’Alger, selon El Espagnol. L’Algérie craint un détournement de son gaz vers d’autres marchés. Une source citée par Reuters avertit : « En cas de changement d’actionnaires, l’Algérie pourrait annuler son contrat d’approvisionnement avec l’Espagne.»

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Une photo de fronton du siège de naturgy
Rachat des actions de Naturgy par l'émirati Taqa : l’Algérie garde la main sur le dossier | Econostrum.info - Algérie

Le projet de rachat du groupe gazier espagnol Naturgy par le fonds émirati Taqa demeure incertain, en raison de l’absence d’approbation des autorités algériennes. Selon le journal espagnol El Espagnol, l’entreprise espagnole « n’a pas fermé la porte » à une nouvelle offre publique d’achat (OPA), mais celle-ci dépend d’un accord entre l’Algérie, l’Espagne et les Émirats arabes unis.

Les négociations entamées en juin 2024 avaient été suspendues en raison de désaccords sur le prix de l’offre et des tensions diplomatiques entre les trois pays concernés. « Si le conflit institutionnel et diplomatique peut être résolu, les fonds seraient prêts à renégocier et à réactiver l’opération. Ils restent toutefois ouverts à l’exploration d’accords avec d’autres investisseurs potentiels », rapporte le média espagnol dans son édition du 3 février.

L’équilibre capitalistique de Naturgy en jeu

Actuellement, la structure actionnariale de Naturgy se compose des acteurs suivants :
– CriteriaCaixa : 26,7 %
– BlackRock et GIP* : 20,96 %
– CVC : 20 %
– Fonds australien IFM : 16 %, avec l’intention d’augmenter sa participation à 29 %
– Sonatrach : 4 %, en tant que fournisseur et actionnaire stratégique

D’après les sources du journal espagnol, Taqa souhaite acquérir une participation majoritaire, ce qui inquiète certaines parties prenantes. Le fonds australien IFM envisage, quant à lui, d’augmenter ses parts dans le capital de Naturgy afin de peser davantage dans la gouvernance du groupe.

Ce projet de restructuration répond à une nécessité de repositionnement stratégique pour Naturgy, confronté à des défis liés à la sécurité énergétique et à l’évolution du marché du gaz en Europe. Toutefois, l’implication de Taqa, déjà implanté au Maroc, suscite des inquiétudes du côté algérien.

L’Algérie craint un détournement de son gaz

L’Algérie voit d’un mauvais œil l’entrée du groupe émirati Taqa dans le capital de Naturgy, en raison de risques de redirection du gaz algérien vers d’autres marchés, notamment le Maroc. Une source citée par Reuters en juin 2024 avait d’ailleurs mis en garde contre cette possibilité : « En cas de changement d’actionnaires dans Naturgy, l’Algérie pourrait annuler son contrat d’approvisionnement avec l’Espagne » avait indiqué cette source.

En tant que premier fournisseur de gaz naturel de l’Espagne, Sonatrach détient également 51 % de la société MedGaz, qui exploite le gazoduc reliant l’Algérie à la péninsule ibérique. Pourtant, la compagnie publique algérienne n’a jamais exprimé officiellement sa position sur le dossier du rachat de Naturgy par Taqa.

Après l’échec de la première OPA de 25 milliards de dollars en juin 2024, une nouvelle offre est en cours de préparation. Toutefois, sans un feu vert d’Alger, la probabilité que cette opération aboutisse reste très faible.

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