Les institutions internationales du secteur des hydrocarbures ont des visions différentes sur les marchés pétroliers et leur évolution future. En effet, alors que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) est optimiste quant à l'évolution de la demande en 2024 et 2025, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) affirme que cette demande s'essouffle.
Il faut dire que ces deux organisations défendent des intérêts différents. L'OPEP défend en effet ceux des pays producteurs et exportateurs alors que l'AIE ceux des pays consommateurs. L'OPEP estime donc que la demande mondiale de pétrole devrait connaître une croissance marquée en 2024.
Cette demande sera boostée, par les pays non-membres de l'OCDE, en premier lieu la Chine, et les besoins de transport, indique l'Organisation des pays exportateurs de pétrole.
Le rapport mensuel de cette organisation, publié mardi 13 février, estime que le monde devrait consommer 104,4 millions de barils par jour (mb/j) en moyenne en 2024, puis 106,2 millions en 2025. Une demande qui était de l'ordre de 102,1 mb/j en 2023.
Nouvelle guerre des chiffres entre l'OPEP et l'AIE concernant le pétrole
De son côté, l'AIE affirme dans son rapport du mois de février que « la croissance de la demande mondiale de pétrole s’essouffle ». Cette organisation qui représente les pays consommateurs a donc abaissé sa prévision de croissance pour 2024.
Ces deux organisations ont donc deux visions opposées des marchés pétroliers et pas seulement à court terme. L'AIE, bras économique de l’OCDE, prédit que la demande de pétrole atteindra son maximum d’ici 2030, alors que le monde s’oriente vers une énergie plus propre. L'OPEP est optimiste au moins jusqu'à 2045.
À court terme, l'AIE contredit également l'OPEP. Elle prévoit que la demande mondiale de pétrole augmente de 1,22 million de barils par jour (bpj) cette année, soit une légère baisse par rapport à l’estimation du mois dernier. Cette quantité représente presque la moitié de ce que prévoit l'OPEP.
« La phase de croissance post-pandémique de la demande mondiale de pétrole a largement atteint son terme », explique l'AIE pour justifier le recul de ses prévisions. L'organisation explique par ailleurs qu’un climat macroéconomique mondial plus difficile est également susceptible de limiter la croissance cette année.
Il faut dire que ce n'est pas la première fois que ces deux organisations se contredisent. À la fin de l'année 2023, l'OPEP a même accusé l'AIE de diffamer l'industrie pétrolière et gazière.