Les marchés du pétrole traversent une phase d’instabilité. Le secrétaire général de l’Organisation arabe de l’énergie (OAE), Jamal Issa Al Loughani, a récemment abordé les perspectives du marché pétrolier lors d’un entretien avec l’APS.
Selon lui, le marché de l’or noir se trouve à un moment charnière, où plusieurs facteurs économiques et géopolitiques influent sur l’évolution des prix du pétrole. L’OAE a d’ailleurs identifié trois scénarios possibles pour l’avenir des prix du pétrole brut, qui dépendent en grande partie de la situation économique mondiale et des dynamiques géopolitiques.
Dans son analyse, M. Al Loughani souligne que le marché pétrolier est « à la croisée des chemins », un croisement où « les facteurs économiques et géopolitiques interagissent ensemble dans la définition de l’évolution des prix du pétrole brut ». Il précise que la situation exige une « flexibilité stratégique » et un suivi continu pour adapter les politiques à des changements rapides, comme ceux observés avec les pays participants à la déclaration de coopération Opep-non Opep. En prenant en compte ces dynamiques, l’OAE a envisagé trois scénarios pour l’évolution des prix du pétrole.
Trois scénarios pour l’avenir des prix du pétrole
Le premier scénario envisage un équilibre progressif entre l’offre et la demande. Dans ce cas, l’économie mondiale devrait connaître une lente amélioration, permettant aux pays de l’OPEP de continuer à lever progressivement leurs restrictions de production. Ce scénario permettrait de maintenir les prix du pétrole entre 60 et 70 dollars le baril.
Le deuxième scénario repose sur une demande mondiale nettement améliorée grâce à une relance économique dans des pays clés comme la Chine, l’Inde et l’Europe. À cela s’ajoute un apaisement des tensions commerciales qui pourraient permettre aux prix de grimper jusqu’à 75 dollars le baril, voire au-delà.
Enfin, le dernier scénario envisage un ralentissement global de l’économie. Ce ralentissement pourrait entraîner une chute des prix du pétrole en dessous de 50 dollars le baril, un développement qui aurait un impact significatif sur les économies dépendantes des revenus pétroliers.
Les récents mouvements sur le marché pétrolier montrent bien l’instabilité qui peut résulter de la géopolitique mondiale. Ainsi, les prix ont chuté après une accalmie au Moyen-Orient et des commentaires du président américain Donald Trump. Le baril de Brent, référence du pétrole algérien, a baissé de 6,74 % pour atteindre 68,07 dollars, tandis que le baril de West Texas Intermediate (WTI) a chuté de 6,01 %, s’établissant à 64,99 dollars. Ces baisses sont liées à une trêve entre Israël et l’Iran et aux déclarations de Trump qui ont modifié les attentes du marché concernant les exportations de pétrole iranien.
Dans un contexte géopolitique en mutation, les marchés restent préoccupés par les risques liés à la fermeture éventuelle du détroit d’Ormuz, un point de passage stratégique pour le commerce mondial du pétrole. Toutefois, selon les experts, bien que l’Iran ait souvent évoqué cette possibilité, il semble que le pays n’ait pas les moyens militaires de bloquer cette voie sans nuire à ses propres exportations.
Cette incertitude géopolitique, associée à des facteurs économiques mondiaux fluctuants, continuera de façonner les prix du pétrole dans les mois à venir. Les trois scénarios proposés par l’OAE donnent un aperçu des possibles évolutions à suivre de près.
