Le projet du gazoduc transsaharien franchit une nouvelle étape avec la signature d’un accord entre l’Algérie, le Niger et le Nigeria. Le mardi 11 février 2025, les ministres de l’Énergie des trois pays se sont réunis à Alger, en présence d’Abdelmadjid Tebboune, pour officialiser cet engagement. Ce gazoduc, qui doit relier Lagos à Alger, est un projet stratégique visant à faciliter l’exportation du gaz africain vers l’Europe.
À l’issue de la rencontre, le ministre du Pétrole du Niger, Sahabi Oumarou, a déclaré : « Nous avons signé le document principal qui permettra de lancer ce projet commun et le mettre en œuvre entre l’Algérie, le Niger et le Nigeria. Nous avons maintenant les moyens et l’outil qui nous permettra d’aller de l’avant ». Il a également souligné que « les trois pays se sont engagés à contribuer à mettre ce projet intégré en œuvre de manière rapide tant il constitue un projet utile pour nos peuples ».
Le transsaharien relancé avec engagement sans retour
De son côté, le ministre nigérian des Affaires du pétrole chargé des Ressources en gaz, Ekperikpe Ekpo, a affirmé qu’il n’y aurait « plus de recul sur ce projet », ajoutant que « l’équipe d’experts chargée de travailler sur ce dossier est sortie avec des conclusions qui ont été approuvées par les ministres de l’Énergie des trois pays, qui ont alors convenu de relancer le projet et d’aller de l’avant ». Il a précisé que « le PDG de la société du pétrole et du gaz sera à la tête du groupe de travail avec ses homologues d’Algérie et du Niger, et nous ne reculerons pas. Nous avons informé le Président de ce que nous avons convenu et il a été grandement satisfait ».
Ce projet de gazoduc transsaharien ne représente pas seulement une avancée économique, il symbolise aussi un rapprochement politique entre les trois pays. La rencontre tripartite, qui s’est tenue à Alger, a permis de mettre en évidence le rôle de l’Algérie dans le règlement des différends entre le Niger et le Nigeria. Les relations entre ces deux pays étaient tendues depuis le coup d’État militaire au Niger en juillet 2023, qui avait conduit la CEDEAO, dont fait partie le Nigeria, à imposer des sanctions économiques et des menaces d’intervention militaire contre Niamey.
Le ministre nigérien du Pétrole, Sahabi Oumarou, a tenu à remercier l’Algérie pour avoir réuni les trois nations autour d’une même table, déclarant que « cela montre que malgré nos divergences plus ou moins substantielles, nous sommes frères, nous avons un sort commun, un avenir commun et un intérêt commun ». Cette prise de position illustre la nécessité d’une coopération pragmatique, dictée par des impératifs économiques et géopolitiques.
La rencontre a donc pris une dimension politique inattendue, démontrant que les intérêts économiques communs peuvent être des facteurs d’apaisement entre nations. En témoigne la déclaration du directeur général de la société pétrolière du Niger Sonidep, Ali Sebou, qui a affirmé : « nous avons 1700 km de frontière, naturellement, nous sommes condamnés à nous accepter ».
Pour confirmer l’engagement en faveur de la réalisation du gazoduc transsaharien, les délégations ont été reçues par Abdelmadjid Tebboune au Palais d’El Mouradia, où un compte rendu détaillé de la réunion lui a été présenté. La signature de l’accord marque ainsi une double avancée économique et diplomatique entre les trois partenaires.