La Commission d’organisation et de surveillance des opérations de Bourse (COSOB) a annoncé le mercredi 30 juillet, avoir accordé le premier agrément pour la constitution d’un fonds commun de placement à risque (FCPR), baptisé Afiya Investments.
Cette décision marque un tournant pour la diversification des mécanismes de financement de l’économie nationale, en offrant une alternative solide au crédit bancaire traditionnel. Géré par la société Tell Markets, spécialisée dans la gestion de fonds d’investissement, Afiya Investments ciblera principalement des entreprises non cotées opérant dans des secteurs à fort potentiel de croissance.
Les secteurs de la santé, des industries pharmaceutiques et des énergies renouvelables figureront parmi les priorités, témoignant ainsi de la volonté de soutenir la transformation structurelle de l’économie. Cette initiative s’inscrit dans un cadre plus large de modernisation des marchés financiers, impulsée par la COSOB.
Un cadre réglementaire sous surveillance de la COSOB pour renforcer le financement alternatif
Cet agrément repose sur le règlement COSOB n° 24-02, entré en vigueur le 7 mai 2025, qui établit les règles applicables aux organismes de placement collectif à capital risque (OPCR). Cette réglementation marque une avancée majeure dans la structuration d’un écosystème de financement alternatif, adapté aux besoins des investisseurs et des entrepreneurs.
Le FCPR se distingue par sa capacité à séparer clairement les apporteurs de capitaux des gestionnaires de fonds, levant ainsi un frein historique au développement des investissements dans les projets innovants. Ce modèle, déjà éprouvé dans d’autres marchés émergents, permet une mobilisation plus efficace de l’épargne tout en offrant aux investisseurs la possibilité de participer sans assumer directement les risques de gestion.
La mise en place de ce dispositif intervient dans un contexte où le capital-investissement en Algérie reste encore modeste. Fin 2023, seulement cinq sociétés de capital-investissement (SCI) et deux sociétés de gestion de fonds (SGFI) étaient recensées, avec un encours total de 7,84 milliards de dinars, un retard notable par rapport à des pays comme la Tunisie où ce segment est bien plus dynamique. Le nouveau règlement de la COSOB vise à combler ce retard en instaurant un cadre sécurisé, rassurant ainsi les investisseurs nationaux et internationaux.
Depuis 2023, la COSOB a mis en place plusieurs mesures ambitieuses, telles que la refonte du règlement général de la Bourse, l’introduction du financement participatif et la garantie des opérations boursières. Ces initiatives visent à aligner progressivement le marché algérien sur les standards internationaux et à renforcer sa compétitivité.
Avec le lancement imminent du fonds Afiya Investments, prévu dans un délai de trois mois, l’Algérie entre dans une nouvelle phase de son développement financier. Ce fonds représente un outil puissant pour orienter l’épargne vers les start-up et les PME innovantes, tout en répondant aux besoins spécifiques des entreprises évoluant dans des secteurs à haute incertitude mais porteurs de croissance future. Cette réforme pourrait ainsi jouer un rôle clé dans l’extension de l’accès au financement et dans la diversification des sources de financement pour les entreprises.
Reste à voir comment les acteurs économiques adopteront cet instrument et si celui-ci parviendra à impulser une véritable culture du capital-risque en Algérie, contribuant ainsi à une économie plus résiliente et innovante.
