Les relations entre l’Algérie et l’Espagne sont passées par une période de tension de plusieurs mois. Elles commencent à se rétablir avec notamment la nomination d’un ambassadeur d’Algérie en Espagne depuis quelques mois et le rétablissement des relations commerciales dans certains secteurs.
Toutefois, pendant la période de tension, beaucoup de choses ont changé. L’Espagne, principale cliente de l’Algérie en ce qui concerne le gaz, a certes continué à recevoir son quota, mais avec des prix qui ont été réactualisés. En parallèle, plusieurs pays se sont tournés vers l’Algérie. L’Italie a bénéficié de l’augmentation des quantités de gaz fournies par l’Algérie pour faire face à la baisse des livraisons russes et l’Allemagne s’est rapprochée de l’Algérie en signant un contrat important.
Les accords entre l’Algérie et l’Allemagne en faveur de l’Italie
En Espagne, le rapprochement de l’Allemagne avec l’Algérie est vu d’un mauvais œil. C’est perçu comme un signe de la perte de la place privilégiée de l’Espagne dans le domaine gazier. Les médias espagnols se sont emparés de la question et se sont interrogés sur les conséquences du rapprochement algéro-allemand concernant le gaz et l’hydrogène.
Ainsi, ce rapprochement scellé au début février, par la signature d’un contrat d’approvisionnement en gaz naturel incluant également des investissements dans les énergies nouvelles et renouvelables, tel que l’hydrogène, met en péril le projet de transformation de l’Espagne en hub énergétique pour l’Europe.
Le journal espagnol El Confidencial indique que « c’est la première pierre d’un accord qui laisse entrevoir une autre source d’énergie : l’hydrogène renouvelable. Il existe un troisième acteur qui bénéficiera de l’accord et qui joue déjà un rôle très proactif dans la région. C’est l’Italie de Giorgia Meloni par laquelle doivent passer les pipelines en provenance d’Alger vers la première économie européenne ».
L’Italie est donc en phase de remplacer l’Espagne comme plaque tournante pour ces énergies en Europe. L’accord entre Alger et Berlin change complètement la cartographie des approvisionnements du vieux continent en gaz naturel dans un premier temps et l’hydrogène vert dans l’avenir, explique le journal.
Les espagnols soulignent que l’Italie remplace peu à peu leur pays, notamment en raison de ses bonnes relations avec l’Algérie. Des relations confortées par une coopération énergétique importante, notamment avec les accords algéro-italiens sur l’augmentation des approvisionnements en gaz naturel pour atteindre 30 milliards de m3.
L’Italie qui veut jouer le rôle de plaque tournante de l’énergie pour l’Europe a également entamé la modernisation des canalisations de transport reliant l’Italie à l’Autriche et l’Allemagne pour les adapter à la fois au transport de gaz dans le moyen terme et l’hydrogène vert en provenance d’Algérie. La crise entre l’Algérie et l’Espagne a donc des répercussions à long terme et impacte la configuration de l’approvisionnement de l’Europe en énergie à l’avenir.