L’office national des statistiques (ONS) a publié les chiffres du marché de l’emploi en Algérie pour octobre 2024. Le taux de chômage atteint 12,7 %, avec des écarts notables entre hommes et femmes ainsi qu’un chômage des jeunes particulièrement élevé. Ces données révèlent également la prédominance du secteur privé dans l’emploi et une proportion importante de travailleurs en situation précaire.
Disparités marquées entre hommes et femmes
Selon l’ONS, la population active en Algérie s’élève à 13,8 millions de personnes, dont 3,16 millions de femmes, soit 22,9 % de l’effectif total. Malgré une légère progression du taux d’emploi féminin, qui atteint 14,3 %, le taux d’activité économique demeure largement inégal. Il est de 63,9 % chez les hommes contre seulement 19,2 % chez les femmes. Cette différence illustre les difficultés d’accès à l’emploi pour les femmes, qui se heurtent à des contraintes sociétales et structurelles.
Le chômage touche actuellement 1,75 million de personnes, ce qui correspond à un taux national de 12,7 %. Toutefois, ce chiffre masque des écarts importants selon le genre et l’âge. Le chômage masculin s’établit à 9 %, tandis que celui des femmes atteint 25,4 %, soit plus du double. Les jeunes de 16 à 24 ans sont particulièrement touchés, avec un taux de 29,3 %. par ailleurs, 42,5 % des chômeurs ne possèdent aucun diplôme, tandis que 31,4 % sont titulaires d’un diplôme universitaire et 26,1 % ont suivi une formation professionnelle. Le chômage de longue durée reste une problématique majeure, près de 60 % des demandeurs d’emploi cherchant un travail depuis plus d’un an.
Une prédominance du secteur privé dans le secteur de l’emploi
Le secteur privé représente 61,2 % des emplois en Algérie, soit environ 7,38 millions de travailleurs, indique le rapport de l’ONS. En revanche, l’emploi féminin reste essentiellement concentré dans le secteur public, où travaillent 58 % des salariées. Cette situation reflète les difficultés des femmes à accéder aux emplois du secteur privé, souvent moins stables et plus précaires.
Le marché du travail algérien se caractérise par une forte proportion de salariés, qui représentent 69 % des travailleurs. parmi eux, 43,8 % disposent d’un contrat permanent, tandis que 29,8 % exercent sous le statut de travailleurs indépendants ou d’employeurs. Les secteurs les plus pourvoyeurs d’emplois restent l’administration publique, la santé et l’action sociale, le commerce, la construction et l’industrie manufacturière. pour les femmes, l’emploi est particulièrement concentré dans trois domaines : l’administration publique, la santé et l’industrie manufacturière, qui regroupent 75,2 % de l’ensemble des travailleuses.
Une population en marge du marché du travail
Au-delà des chiffres officiels du chômage, l’ONS met en avant la réalité du « halo du chômage », qui concerne 1,98 million de personnes. Bien qu’inactives, ces personnes ne sont pas comptabilisées comme chômeurs selon la définition du bureau international du travail. Cette population est composée à 58 % de femmes et à 60,3 % de personnes n’ayant aucun diplôme.
Les principales raisons avancées pour expliquer cette situation sont l’absence d’opportunités d’emploi, mentionnée par 29,8 % des personnes concernées, ainsi que les obligations familiales, qui empêchent 25,7 % d’entre elles d’intégrer le marché du travail. Ce phénomène témoigne des limites des politiques actuelles en matière d’insertion professionnelle et de l’impact des contraintes sociales sur l’accès à l’emploi.
Une insertion professionnelle difficile
Ces chiffres soulignent les défis persistants du marché du travail en Algérie. Les inégalités entre hommes et femmes, la difficulté des jeunes à trouver un emploi et la précarité de nombreux travailleurs restent des problématiques majeures. La prédominance du secteur privé pose également la question de la stabilité des emplois proposés et de leur qualité. Face à ces constats, la mise en place de politiques publiques favorisant l’accès à l’emploi, en particulier pour les jeunes et les femmes, apparaît comme une priorité pour améliorer durablement la situation.








