Économie algérienne : La Mission du FMI à Alger préconise un « ajustement budgétaire progressif, mais urgent… »

Le FMI a donné ses recommandations sur l’économie algérienne.

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Économie algérienne : La Mission du FMI à Alger préconise un « ajustement budgétaire progressif, mais urgent… ». Crédit : Canva | Econostrum.info - Algérie

Le chef de la mission du Fonds monétaire international (FMI), Charalambos Tsangarides, a présenté une analyse approfondie de l’économie algérienne à l’occasion d’une conférence de presse à Alger le 30 juin 2025. Cette mission, effectuée dans le cadre des consultations de 2025 au titre de l’article IV, a permis au FMI de rencontrer plusieurs responsables des différents secteurs économiques du pays.

L’objectif était de donner des recommandations pour renforcer la résilience de l’économie algérienne, tout en adressant les vulnérabilités budgétaires qui demeurent préoccupantes. Le FMI a d’emblée mis en lumière les perspectives globales de l’économie algérienne. Bien que les prévisions à court terme restent positives malgré une incertitude mondiale croissante, Charalambos Tsangarides a alerté sur les « vulnérabilités budgétaires importantes ».

Selon lui, un « ajustement budgétaire progressif, mais urgent, est essentiel pour renforcer la résilience budgétaire et reconstituer des marges budgétaires ». La mission a souligné que si cette question n’est pas traitée rapidement, cela pourrait entraîner une augmentation substantielle de la dette publique à moyen terme. En outre, l’incertitude mondiale persistante et la volatilité des cours des hydrocarbures risquent de freiner les exportations et les investissements, accentuant ainsi le déficit courant en 2025.

Le déficit budgétaire s’est d’ores et déjà creusé en 2024, atteignant 13,9% du PIB. Cette situation est notamment due à la baisse des recettes générées par les hydrocarbures, ainsi qu’à l’augmentation des salaires et des dépenses d’investissement. Le FMI prévoit que ce déficit pourrait rester élevé en 2025. La mission a également relevé que l’activité économique a ralenti, passant de 4,1% en 2023 à 3,6% en 2024, en grande partie à cause de la baisse de la production d’hydrocarbures et des décisions prises par les pays de l’OPEP+. Cependant, le secteur hors hydrocarbures a continué de croître de 4,2%. Les réserves de change de l’Algérie demeurent conséquentes, atteignant 67,8 milliards de dollars, suffisantes pour couvrir environ 14 mois d’importations.

Recommandations du FMI et mesures à prendre

Charalambos Tsangarides a insisté sur la nécessité d’adopter une politique monétaire axée sur la stabilité des prix. Une plus grande flexibilité du taux de change serait également bénéfique pour permettre à l’économie algérienne de mieux absorber les chocs externes, notamment ceux liés aux fluctuations des prix des hydrocarbures. Le FMI a préconisé un rééquilibrage budgétaire progressif, à mettre en œuvre dès que possible, afin de freiner l’augmentation des besoins de financement, tout en contribuant à stabiliser la dette publique à moyen terme. Le rééquilibrage permettra ainsi de réduire les vulnérabilités économiques et de restaurer des marges budgétaires.

La mission a également souligné plusieurs risques pesant sur l’économie algérienne, principalement liés à la volatilité des prix des hydrocarbures et aux tensions géopolitiques. Ces facteurs, associés à des déficits budgétaires persistants, pourraient mettre en péril la viabilité de la dette publique et renforcer l’interdépendance financière entre l’État, les entreprises publiques et les banques publiques. Pour pallier ces risques, Tsangarides a recommandé de diversifier davantage l’économie algérienne et de renforcer les réformes structurelles, en particulier en matière de diversification et de promotion de l’investissement privé.

Le FMI a souligné l’importance de renforcer les réformes fiscales pour augmenter les recettes hors hydrocarbures. Une rationalisation des dépenses fiscales et une amélioration de la conformité fiscale, notamment grâce à la numérisation de l’économie, sont également des mesures indispensables. La réforme des subventions, selon le FMI, permettrait de reconstituer des marges de manœuvre budgétaires et de créer de l’espace pour financer des dépenses prioritaires, telles que l’aide ciblée aux ménages vulnérables.

En outre, la mission du FMI a insisté sur la nécessité d’améliorer la gestion des entreprises publiques. Il est crucial de renforcer leur surveillance et d’améliorer leur efficacité, afin de maîtriser les risques macrofinanciers et d’assurer une gestion optimale des ressources publiques. Tsangarides a rappelé que la mise en œuvre de réformes dans ces domaines contribuerait à stimuler la croissance et à créer des emplois à moyen terme.

Ainsi, bien que l’économie algérienne dispose encore de réserves importantes et d’un potentiel de croissance, elle doit faire face à des défis majeurs. Le FMI recommande un ensemble de réformes structurelles, notamment en matière de diversification économique, de fiscalité et de gestion des dépenses publiques, afin de renforcer la stabilité à long terme du pays et d’améliorer sa résilience face aux chocs externes.

 

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