La récente imposition par les États-Unis de droits de douane de 30 % sur les importations de nombreux pays, dont l’Algérie, a soulevé des préoccupations quant à son impact sur l’économie nationale. Toutefois, les données disponibles et la stratégie commerciale adoptée par Alger tendent à montrer une capacité d’adaptation face à cette mesure protectionniste.
Selon l’Office national des statistiques (ONS), les exportations algériennes vers les États-Unis ont atteint 3,14 milliards de dollars en 2023. Cette valeur se répartit principalement entre les produits pétroliers raffinés (1,95 milliard), le pétrole brut (531 millions), et plusieurs produits hors hydrocarbures, comme les barres de fer brutes (287 millions), le ciment (80 millions), les dattes (10 millions) et les pneumatiques (6 millions). Malgré ces chiffres, les exportations vers les États-Unis ne représentent qu’une faible part des 52,4 milliards de dollars d’exportations globales de l’Algérie cette année-là.
Diversification des partenaires économiques et renforcement régional pour éviter les répercussions des droits de douane américains
Face à la concentration des risques liés à certains marchés, l’Algérie a accéléré ses efforts de diversification, notamment en direction du continent africain. En 2023, les échanges avec les pays africains ont atteint 4,6 milliards de dollars, dont 2,7 milliards d’exportations. Cette progression de plus de 18 % en un an s’explique par une ouverture accrue vers des pays comme la Tunisie, l’Afrique du Sud et l’Égypte. Ces résultats sont aussi soutenus par la mise en place d’infrastructures telles que la route transsaharienne, la dorsale à fibre optique et le gazoduc reliant le Nigeria à l’Europe via l’Algérie.
Par ailleurs, la participation active à la Zone de libre-échange continentale africaine ainsi que la création de zones franches avec la Mauritanie, le Mali, le Niger, la Tunisie et la Libye témoignent d’un engagement clair vers l’intégration économique régionale.
Du côté asiatique, malgré une baisse des exportations en 2023, l’Algérie maintient des liens étroits avec la Chine, acteur central de ses échanges. La tendance à renforcer les relations économiques avec l’Asie reste stratégique, dans une logique d’équilibre et de pluralité des partenaires, notamment dans ce contexte économique marqué par les droits de douanes américains.
L’Europe demeure cependant le principal client de l’Algérie, avec des échanges atteignant 50,2 milliards d’euros en 2023, dont 35,37 milliards d’exportations. L’Algérie reste le troisième fournisseur de gaz naturel de l’Union européenne. Les relations commerciales avec la France se sont aussi intensifiées, les exportations françaises vers l’Algérie ayant progressé de 6,6 % en 2024.
Malgré les tensions commerciales avec les États-Unis, l’Algérie semble en mesure de maintenir sa dynamique d’échanges internationaux grâce à une politique proactive de redéploiement commercial et de renforcement de ses partenariats stratégiques.