Droits de douane américains et économie algérienne : « L’impact est à prendre au sérieux » selon le CARE

La hausse des droits de douane américains sur les produits algériens aura un impact important sur l’économie du pays, selon le CARE.

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Droits de douane américains : Trump impose de nouvelles surtaxes sur les produits algériens . Crédit : Canva | Econostrum.info - Algérie

Les dernières mesures de droits de douanes envisagées par l’administration Trump pourraient avoir des répercussions profondes sur l’économie algérienne. Le cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise (CARE), dans une note d’analyse signée par l’économiste Mouloud Hedir, alerte sur les conséquences potentielles d’un renforcement des barrières douanières américaines, notamment sur les exportations algériennes, fortement dépendantes des hydrocarbures.

Selon Mouloud Hedir, « les mesures tarifaires de l’administration Trump, par leur ampleur, leur brutalité et l’incertitude intrinsèque de leur mode de mise en œuvre contribuent à une désorganisation en profondeur des chaînes d’approvisionnement, qui menace le fonctionnement de l’économie mondiale dans son ensemble ». Cette désorganisation a déjà des effets perceptibles sur les prix mondiaux du pétrole, et donc sur les revenus d’un pays comme l’Algérie, dont l’économie repose à plus de 90 % sur les exportations d’hydrocarbures.

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Capture d’écran d’un tableau des produits algériens sur le marché américain publié par le Care

Des droits de douane de 30 % en perspective

CARE souligne que « les hydrocarbures représentaient quelque 82 % de nos exportations vers ce pays, au cours de l’année 2024 ». Les autres exportations, principalement des produits industriels énergivores comme les engrais, les ciments et les aciers, pourraient aussi être touchées. La note précise : « le principal risque pour l’économie algérienne est donc bel et bien celui d’une chute importante de la valeur de nos exportations non seulement vers les USA, mais également vers le reste du monde ». Ce risque serait lié à une évolution défavorable du marché pétrolier mondial, induite par les tensions commerciales dues aux droits de douane et aux politiques protectionnistes.

Une mesure tarifaire dite « réciproque », fixant un droit de douane de 30 % sur les produits algériens hors hydrocarbures, est censée entrer en vigueur en juillet. Un moratoire de trois mois a été accordé, permettant aux autorités algériennes de réagir. Pour CARE, ce délai doit être utilisé à bon escient : « ce temps de latence de trois mois qui nous est laissé pour explorer les voies et moyens de le surmonter » pourrait servir à initier des négociations, en particulier avec les entreprises concernées.

Mouloud Hedir estime que « le taux minimal de 10 % étant imposé de la même manière à tous les pays du monde et les conditions de concurrence ne changeant donc pas, les entreprises exportatrices auront la possibilité de s’adapter ». Néanmoins, il alerte : « la situation sera en revanche nettement plus grave à compter de juillet prochain (fin du moratoire) », ajoutant que « si ce taux réciproque venait à être appliqué effectivement et comme cela est prévu, c’est une chute sévère du niveau de nos exportations hors hydrocarbures à laquelle il faudra s’attendre, très vraisemblablement ».

Le CARE propose d’ores et déjà la mise en place « d’un mécanisme de veille stratégique sur les implications potentielles que cette nouvelle situation pourrait induire sur les relations économiques et commerciales futures de notre pays ». Il suggère aussi que l’Algérie explore les voies diplomatiques via l’Union africaine pour un dialogue collectif avec les autorités américaines sur la question des droits de douane. Car, comme le résume la note, « l’impact est à prendre au sérieux chez nous, aussi bien dans l’immédiat que dans la durée ».

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