Le diabète en Algérie devient une problématique de santé publique majeure, avec des conséquences qui s’alourdissent chaque année. Cette maladie chronique, multifactorielle et non transmissible, touche une proportion importante de la population et ses complications représentent une pression énorme sur le système de santé du pays.
Lors d’une journée d’information pour les journalistes organisée par les laboratoires Sanofi, le 15 avril, plusieurs experts ont mis en lumière les chiffres alarmants et les risques grandissants liés à cette pathologie.
Depuis l’indépendance, l’Algérie a connu une transition démographique et épidémiologique spectaculaire. La population, passée de 10 millions à plus de 45 millions d’habitants, a vu son espérance de vie augmenter, passant de 47 à 78 ans. Ce vieillissement démographique, combiné à une urbanisation rapide, a favorisé l’essor des maladies chroniques, dont le diabète.
Selon l’Atlas 2025 de la Fédération internationale du diabète (IDF), près de 4 millions de diabétiques sont officiellement recensés en Algérie, mais on estime qu’un adulte sur deux reste non diagnostiqué. Ainsi, le nombre total de diabétiques pourrait atteindre 8 à 10 millions, un chiffre préoccupant pour le système de santé du pays.
Le Pr Mimouni Zerguini Safia, du centre Pierre et Marie Curie d’Alger, explique que « la croissance rapide de l’urbanisation, l’adoption de modes de vie sédentaires et d’une alimentation riche en sucres et en graisses ont contribué à l’explosion des cas d’obésité, un des principaux facteurs de risque du diabète de type 2 ». Actuellement, « plus de 55% des Algériens sont en surpoids ou obèses, avec une proportion encore plus marquée chez les femmes (63% contre 48% chez les hommes) », ajoute-t-elle. L’inactivité physique, le tabagisme et le manque de campagnes de sensibilisation efficaces viennent alourdir ce tableau.
Le diabète représente la deuxième affection chronique la plus fréquente après l’hypertension artérielle
Le diabète, souvent associé à l’hypertension, représente désormais la deuxième affection chronique la plus fréquente après l’hypertension artérielle, avec des conséquences sanitaires majeures. Selon le Pr A. Tebainia de l’hôpital d’El Biar, « le diabète est une bombe à retardement pour le système de santé et la société ». Ce dernier rappelle que « le diabète de type 2, autrefois réservé aux adultes, se répand chez les enfants à cause de l’obésité et de la malbouffe ». Cela est particulièrement inquiétant, car des cas de diabète pédiatrique émergent pour la première fois dans l’histoire du pays.
Le diabète non contrôlé entraîne des complications graves et coûteuses : AVC, infarctus, artérite, ainsi que des atteintes rénales, oculaires et neurologiques. En Algérie, il est la première cause de dialyse, avec des séances qui coûtent « excessivement cher » à la Sécurité sociale. Selon les experts, une amputation a lieu toutes les 30 secondes dans le monde, et chaque complication représente un « drame humain et un fardeau économique ».
Face à cette situation, les spécialistes appellent à une mobilisation nationale pour le dépistage précoce du « prédiabète » et une campagne de sensibilisation, notamment auprès des jeunes et des familles. Le Pr Tebainia insiste : « Prévenir coûte 100 fois moins cher que guérir. Agissons avant que les générations futures ne paient le prix fort ».








