La cybersécurité est un enjeu important dans la conjoncture actuelle. En effet, internet est devenu une composante quotidienne de la vie des Algériens. Des opérations bancaires aux activités scolaires ou professionnelles, la connectivité s’est généralisée. Cette évolution rapide s’accompagne d’une exposition accrue aux risques informatiques, amenant les spécialistes à exprimer de vives inquiétudes sur la protection des systèmes et des données sensibles.
Deux rencontres organisées à Alger et Batna ont mis en lumière les vulnérabilités existantes et les mesures attendues pour les réduire. À Alger, la sécurité dans le secteur financier a été au centre des échanges. Ce domaine est particulièrement exposé, en raison de la nature critique des données traitées et de l’interconnexion des systèmes. Les experts réunis ont insisté sur la nécessité pour les entreprises de mettre en place des « centres des opérations de sécurité », capables de surveiller, détecter et répondre aux tentatives d’intrusion ou de sabotage.
Selon Youcef Benmicia, président de l’Union algérienne des sociétés d’assurance et de réassurance (UAR), une approche stratégique est indispensable pour gérer les cyber-risques. Il évoque la mise en place de mesures de prévention, de dispositifs d’urgence et de produits d’assurance adaptés. Le recours aux rançongiciels, ou le vol massif de données, est devenu une réalité coûteuse.
Mourad Sidane, PDG de la Société industrielle algérienne de télécommunications (Sitel), a souligné la nécessité d’un « bouclier digital » à l’échelle nationale. Il plaide pour la formation de personnels qualifiés, l’acquisition de solutions techniques performantes et une coordination accrue entre les acteurs du secteur.
Pour la cybersécurité, une vigilance accrue est nécessaire dès l’école
Parallèlement, un forum organisé à Batna s’est intéressé à la protection numérique des jeunes. Les élèves et les stagiaires, fortement exposés aux réseaux sociaux et à leurs dérives, doivent être sensibilisés aux risques en ligne. Cette rencontre a réuni des formateurs, des universitaires et des professionnels autour d’un objectif : renforcer la culture de la cybersécurité dès l’enseignement de base.
Le président du Forum algérien des cadres et de la promotion de la jeunesse, Bilal Ikhlef, a précisé que « la sensibilisation est la première étape », appelant à former des citoyens capables d’évoluer dans un univers numérique complexe sans en subir les dérives.
Les intervenants ont aussi mentionné les effets psychologiques du cyberharcèlement et de l’exposition à des contenus inappropriés. L’éducation numérique est présentée comme une priorité intégrée à la formation professionnelle.
Enfin, l’État algérien poursuit le renforcement de ses capacités en cybersécurité, avec des actions de prévention et des partenariats techniques. Un accord de coopération a ainsi été signé entre la société algérienne Proxylan SPA, filiale du Cerist, et l’entreprise russe Positive Technologies. Ce partenariat s’inscrit dans une logique de souveraineté numérique et de coopération bilatérale plus large, touchant aux services publics, aux systèmes électroniques gouvernementaux et au secteur bancaire. Dans un contexte mondial où la donnée devient un enjeu stratégique, l’Algérie cherche à structurer sa réponse face à un risque devenu systémique.
