L’Algérie, par l’intermédiaire de l’Office algérien des céréales (OAIC), vient d’acheter entre 350 000 et 400 000 tonnes de blé dur à l’issue d’un appel d’offres international. Ces commandes, évaluées à un prix compris entre 340 et 352 dollars par tonne, concernent des livraisons prévues pour mars et avril 2025. Les fournisseurs potentiels incluent des pays comme le Canada, les États-Unis et l’Australie, mais excluent une fois de plus le blé français.
Une dynamique d’importation orientée vers d’autres marchés
L’achat de blé dur par l’Algérie s’inscrit dans une stratégie de diversification des fournisseurs. Le Canada reste le principal exportateur vers l’Algérie, assurant 32 % des importations au cours des six dernières années. Les États-Unis et la Russie ont également renforcé leur présence sur ce marché, tandis que les pays de l’Union européenne, à l’exception de la France, participent à ces échanges.
En revanche, le blé français subit un recul spectaculaire. Depuis juillet 2023, aucune importation de blé tendre en provenance de France n’a été réalisée, selon les douanes françaises. Cette absence marque une rupture dans une relation commerciale dans ce secteur autrefois importante, où l’Algérie représentait un débouché majeur pour les producteurs français.
Les raisons de l’exclusion du blé français
La baisse des importations de blé français découle de plusieurs facteurs. Tout d’abord, des tensions diplomatiques entre Paris et Alger ont impacté les relations commerciales. Ces frictions ont conduit l’Algérie à privilégier d’autres partenaires pour ses approvisionnements stratégiques.
Ensuite, la compétitivité du blé français a été mise en cause. Les prix élevés, combinés à des récoltes jugées moins attractives, ont poussé l’Algérie à s’orienter vers des alternatives moins coûteuses. Lors d’un appel d’offres en octobre 2024, les produits d’origine française ont été explicitement exclus, bien que cette décision n’ait pas été officiellement confirmée par Alger.
Vers l’autosuffisance en 2025 ?
Le chef de l’État Abdelmadjid Tebboune a exprimé l’ambition de l’Algérie d’atteindre l’autosuffisance en blé dur dès 2025. Actuellement, 80 % des besoins sont couverts par la production nationale, et le pays prévoit de combler les 20 % restants par des efforts accrus dans l’agriculture locale. Cependant, les importations actuelles reflètent encore une dépendance significative aux marchés internationaux.
En choisissant de diversifier ses fournisseurs tout en excluant la France, l’Algérie met en lumière l’évolution de ses priorités économiques et stratégiques. Cette situation pose des défis à l’agriculture française, confrontée à la perte d’un marché crucial.