Les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie suscitent une vive inquiétude parmi les entreprises françaises opérant sur le marché algérien. Dans un reportage diffusé au Journal Télévisé de 20h sur France 2 le vendredi 28 mars, plusieurs responsables d’entreprises ont exprimé leurs préoccupations concernant l’impact potentiel de la crise diplomatique sur leurs relations commerciales avec l’Algérie.
Ces témoignages viennent éclairer les enjeux économiques liés aux tensions politiques actuelles. Patrick Boukobza, un entrepreneur spécialisé dans l’exportation de climatiseurs vers l’Algérie depuis trente ans, a souligné que ses échanges avec le pays nord-africain représentaient une part significative de son chiffre d’affaires.
« Si jamais il y avait un boycott total de part et d’autre, beaucoup d’entreprises françaises perdraient beaucoup », a-t-il affirmé. Son entreprise, qui dépend à 100 % des relations commerciales avec l’Algérie, craint des conséquences dramatiques si les tensions se traduisaient par une rupture des liens économiques entre les deux pays. En 2024, les exportations vers l’Algérie ont constitué 14 millions d’euros de son chiffre d’affaires.
En dépit des inquiétudes exprimées, l’Algérie n’a pas pris de mesures formelles visant à restreindre les échanges économiques avec la France. Cependant, l’incertitude demeure, car la situation politique pourrait affecter la fluidité des transactions commerciales. L’Algérie reste le deuxième plus grand client de la France en Afrique, avec environ 4,8 milliards d’euros d’exportations en 2024. Mais, comme l’a indiqué Michel Bisac, président de la Chambre de commerce et d’industrie algéro-française (CCIAF), « si l’Algérie ne travaille pas avec la France, elle travaillera avec d’autres pays ». Il met en garde contre l’ampleur de la concurrence, en particulier de la part de l’Allemagne, de l’Italie, et d’autres acteurs internationaux qui investissent massivement en Algérie.
Les craintes des entreprises françaises
Le président du Conseil national consultatif de la petite et moyenne entreprise (CNCPME), Adel Bensaci, a également exprimé son inquiétude, soulignant que plusieurs secteurs clés, tels que la machinerie industrielle, les équipements agricoles, et l’alimentaire, pourraient être gravement impactés. « La France est en train de perdre sa place sur le marché algérien », a-t-il averti, citant l’exemple de la filière du blé où les exportations françaises connaissent une chute alarmante ces dernières années.
Malgré ces inquiétudes, certains signes d’apaisement sont apparus récemment. Les déclarations du président algérien Abdelmadjid Tebboune, perçues comme un « bon signal » par la porte-parole du gouvernement français, ont ravivé l’espoir d’une désescalade. Les entreprises françaises espèrent que cette évolution diplomatique permettra de restaurer la stabilité nécessaire à la reprise des échanges économiques entre les deux pays.