L’Algérie n’achète plus de blé français : un coup dur pour les agriculteurs dans l’Hexagone

L’Algérie a cessé ses importations de blé français, autrefois un marché clé pour les exportateurs. Cette décision résulte de tensions diplomatiques et de la concurrence du blé russe, moins cher. Les céréaliers français, déjà touchés par une récolte en baisse, doivent désormais diversifier leurs débouchés pour compenser cette perte.

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Une photo d'un champ de Blé
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Le commerce de blé entre la France et l’Algérie, autrefois florissant, est désormais à l’arrêt. Cette situation résulte de tensions diplomatiques croissantes et de changements dans les politiques d’importation algériennes. Pour les céréaliers français, la perte de ce débouché majeur est un coup dur, notamment dans un contexte de récoltes en baisse.

Depuis 2021, l’Algérie a progressivement réduit ses importations de blé français, une tendance qui s’est accélérée ces dernières années. Benoît Piétrement, président du conseil spécialisé dans les grandes cultures de FranceAgriMer, parle d’un « black-out total » sur ce marché, soulignant qu’aucune exportation française n’est enregistrée pour la campagne en cours.

Le blé russe prend le dessus

Selon Arthur Portier, analyste chez Argus Media France, spécialisé dans les marchés agricoles, l’arrivée du blé russe en Algérie a bouleversé les équilibres. Ce changement a été rendu possible par un amendement du cahier des charges algérien en 2021, qui a supprimé les restrictions sur le « blé punaisé », une clause qui favorisait jusqu’alors le blé français.

« La Russie, avec des prix attractifs et une abondance de céréales, a rapidement pris la place laissée vacante par la France », explique Arthur Portier. En 2017, plus de 50 % des exportations françaises de blé hors Union européenne étaient destinées à l’Algérie. Ce chiffre a chuté à 18 % entre 2023 et 2024, avant de tomber à zéro en 2024.

Selon Benoît Piétrement, « le marché algérien semble désormais verrouillé, et rien n’indique qu’il pourrait se rouvrir dans un avenir proche ». Ce revirement s’inscrit dans un contexte diplomatique tendu entre Paris et Alger, aggravant les difficultés des exportateurs français.

Une situation difficile pour les producteurs français

Cette perte de marché survient dans un contexte particulièrement difficile pour les céréaliers français. La récolte de 2024 a été marquée par une baisse de 27 % des volumes, atteignant seulement 25,5 millions de tonnes en raison de conditions climatiques défavorables. Les producteurs espéraient compenser cette baisse par des exportations stables, mais la disparition du débouché algérien aggrave leur situation.

Pour tenter de compenser, les exportateurs français se tournent désormais vers d’autres marchés comme le Maroc et l’Afrique subsaharienne. Cependant, les volumes exportés hors Union européenne restent faibles : seulement 3,5 millions de tonnes en 2024, contre plus de 5 millions lorsque l’Algérie était un client important.

Une filière sous pression

Arthur Portier souligne que les céréaliers français doivent désormais renforcer leur compétitivité sur des marchés diversifiés. « Les tensions diplomatiques entre Paris et Alger compliquent tout retour à la normale. Les producteurs doivent réinventer leur stratégie », insiste-t-il.

De leur côté, les acteurs du secteur espèrent une détente des relations politiques pour rétablir un dialogue économique avec l’Algérie. Cependant, la concurrence russe, solidement implantée, et les faibles volumes disponibles en France compliquent cette perspective.

Avec cette exclusion du marché algérien, le blé français perd un partenaire historique. La filière devra innover et diversifier ses débouchés pour sécuriser son avenir dans un environnement de plus en plus compétitif.

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