Traditionnellement chasse gardée de la France concernant le blé, l'Algérie a changé de stratégie ces dernières années. La France est déclassée par la Russie qui est devenue le premier fournisseur de l'Algérie.
En effet, l'Algérie a décidé de diversifier ses approvisionnements en blé ces deux dernières années. En introduisant des modifications dans le cahier des charges, qui a vu le taux autorisé de grains punaisés augmenter de 0,5 à 1%, la France ainsi que certains fournisseurs européens ont été pénalisés.
Cette modification a été une aubaine pour la Russie qui a été propulsée au rang du premier fournisseur de blé pour l'Algérie. La France perd ainsi de grandes parts du marché algérien. Selon FranceAgriMer, le conseil spécialisé des « grandes cultures-marchés céréaliers » indique, dans son dernier bilan datant de la fin du mois de novembre 2023, que les importations algériennes de blé tendre français a enregistré un net recul.
A la fin octobre 2023, l’Algérie avait importé une quantité de 157'000 tonnes de blé tendre français, alors qu’à la même période de 2022, la quantité importée par l’OAIC était de 1,05 million de tonnes. En 2021 et pour la même période de référence, les importations algériennes atteignaient 650'298 tonnes.
La Russie passe à l'offensive au détriment des pays européens exportateurs de blé, notamment la France
Le recul des exportations françaises vers l'Algérie a ouvert la voie au blé russe. En effet, l'Algérie a importé plus de 1,6 million de tonnes depuis le mois de juillet 2023, selon les données rendues publiques par le chef du département d’analyse des marchés agricoles de la société Rusagrotrans, rapporte le FS BU « Agroexport », Igor Pavensky.
Ainsi, pour la saison actuelle 2023-2024, la Russie table sur un volume d’exportation vers le marché algérien de 3 millions de tonnes. Soit une très bonne partie des importations annuelles de l’Algérie estimées à près de 8 millions de tonnes.
« Nous estimons le potentiel d’exportation pour la campagne 2023-24 à 3 millions de tonnes. À l’avenir, les livraisons augmenteront également progressivement. Il existe des opportunités d’occuper le marché du blé dur », indique Igor Pavensky qui a affirmé que la Russie avait expédié un volume historiquement record de blé vers l'Algérie, cette saison.
En termes de chiffres, le même responsable évoque une croissance de près de 150 % du volume des exportations de blé russe vers l’Algérie en l’espace de 2 ans. « Au cours de la campagne 2021-2022, 0,5 million de tonnes de blé russe ont été exportées vers l’Algérie, contre 2,1 millions de tonnes au cours de la campagne 2022-23.
Et au cours des sept premiers mois de la campagne en cours (juillet-janvier), le pays a déjà importé 1,6 million de tonnes de céréales de Russie, ce qui dépasse le volume total des approvisionnements de l’UE (1,2 million de tonnes) », précise-t-il.
Il faut souligner que la Russie détrône les pays de l'Union européenne, notamment la France. « Jusqu’à la campagne 2020-21, le principal fournisseur de farine de blé de l’Algérie était les pays de l’UE (France, Allemagne, Pays baltes), et le Canada était le principal fournisseur de blé dur.
En un an, les approvisionnements en blé russe ont repris grâce à la baisse des exigences de l’Algérie en matière de dommages causés aux céréales par la punaise des tortues, ainsi qu’à la forte compétitivité du blé russe par rapport au blé des pays européens. Depuis lors, le volume des livraisons de céréales russes à l’Algérie est en croissance constante », indique Pavensky.