Comment l’Etat veut en finir avec le marché noir des devises en Algérie ?

L’Algérie intensifie sa lutte contre le marché noir des devises avec l’ouverture prévue de bureaux de change et la revalorisation de l’allocation touristique à 750 euros. Ces mesures visent à réduire l’écart entre les taux officiel et parallèle, tout en renforçant la transparence et en intégrant les flux financiers dans l’économie formelle.

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Montage photo de billets d'avions en face du square Port Said principale place du marché noir en Algérie
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Le marché noir des devises en Algérie, incarné notamment par le Square Port Saïd à Alger, est une cible prioritaire des autorités. Face aux pertes économiques liées à cette activité informelle, l’État a récemment introduit une série de mesures visant à réduire l’attractivité de ce secteur et à renforcer les circuits financiers officiels.

Selon le ministre des Finances, Laâziz Faïd, cité lors des récents débats parlementaires, la lutte contre le marché noir des devises nécessite une mobilisation de toutes les institutions. Parmi les actions phares, on retrouve la création d’un cadre réglementaire pour encourager l’ouverture de bureaux de change. Ces structures, appelées à s’installer prochainement, permettront aux citoyens d’accéder plus facilement aux devises étrangères dans des conditions réglementées. Toutefois, annoncés à plusieurs reprises, l’ouverture de ces bureaux tarde à voir le jour.

Une autre initiative clé est la revalorisation de l’allocation touristique, augmentée à 750 euros contre environ 100 euros auparavant. Cette revalorisation, après trois décennies d’immobilisme, a pour objectif de réduire la dépendance des particuliers au marché informel pour financer leurs voyages à l’étranger. Les futurs bureaux de change seront également habilités à fournir cette allocation, ce qui devrait accroître leur attractivité et leur rentabilité.

Cependant, cette mesure suscite des interrogations. Certains craignent qu’elle ne soit détournée à des fins spéculatives, en permettant à des particuliers de revendre au marché noir les devises obtenues à des taux officiels. Pour y remédier, des décrets ou instructions spécifiques de la Banque d’Algérie devraient venir encadrer ces nouvelles pratiques.

Réduire l’écart entre les taux de change officiels et parallèles

Au-delà de ces ajustements, les économistes estiment que l’élimination du marché noir des devises nécessitera des réformes structurelles à long terme. Le principal levier réside dans la réduction de l’écart entre les taux de change officiel et informel, qui alimente la spéculation. À ce titre, la Banque d’Algérie joue un rôle central pour stabiliser la valeur du dinar et restaurer la confiance des citoyens.

D’autres mesures visent à canaliser les fonds des Algériens résidant à l’étranger, notamment à travers des incitations à investir dans l’immobilier ou d’autres secteurs productifs en Algérie. Ces efforts combinés cherchent à intégrer progressivement les flux financiers informels dans les circuits légaux, tout en élargissant l’assiette fiscale.

Une lutte de longue haleine

Si ces initiatives témoignent d’une volonté politique forte, leur efficacité dépendra de leur mise en œuvre. En parallèle, l’Algérie devra accélérer ses efforts pour moderniser son économie, améliorer la compétitivité de ses exportations et réduire la dépendance au cash. La bataille contre le marché noir des devises ne fait que commencer, mais elle constitue un pas crucial vers une économie plus transparente et formalisée.

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