Le secteur de l’automobile connait une croissance importante en Algérie. Lors de la deuxième convention des fournisseurs tenue à Oran les 20 et 21 mai, le directeur opérationnel de Stellantis pour la région MENA a évoqué la possibilité de produire en Algérie des modèles Opel et Alfa Romeo.
Cette annonce, bien que prudente, confirme une orientation stratégique déjà esquissée en novembre 2023 par le représentant de Stellantis Algérie, qui affirmait que le groupe « étudie la possibilité de produire des modèles de la marque allemande en Algérie ». L’initiative s’inscrit dans un contexte où les constructeurs européens doivent impérativement consolider leur présence sur les marchés émergents pour contrer l’essor rapide des constructeurs chinois.
La stratégie repose sur un atout technique majeur : la standardisation industrielle au sein du groupe Stellantis, qui permet de partager plateformes et motorisations entre plusieurs marques. Ce modèle de production modulaire facilite l’intégration de nouvelles lignes de montage au sein d’usines existantes, comme celle de Fiat à Tafraoui, déjà conçue pour évoluer.
Un pari sur la complémentarité des marques et le potentiel du marché automobile algérien
L’Algérie représente un marché automobile stratégique pour Stellantis, autrefois le deuxième plus important d’Afrique, et toujours très demandeur malgré deux années sans autorisations d’importation de véhicules. Le gouvernement algérien privilégie désormais la fabrication locale, une orientation clairement favorable aux plans d’expansion du groupe. Le COO de Stellantis a affirmé que ce choix industriel serait rentable à court terme, contrairement aux difficultés actuelles du secteur automobile européen.
Pourquoi Opel et Alfa Romeo ? Le groupe mise sur une différenciation de positionnement. Opel, marque allemande bien connue des Algériens, a réussi un retour remarqué en 2023 : « quelque 4000 unités importées par le représentant de la marque se sont écoulées en moins de 3 mois ». Elle répond à une demande intermédiaire, à la fois fiable et accessible. De son côté, Alfa Romeo pourrait combler un vide sur le segment Premium, face à l’absence actuelle de marques comme BMW, Audi ou Mercedes dans les projets de production locale. Stellantis espère ainsi capter une clientèle spécifique, fortunée et en quête d’alternatives locales.
La diversification envisagée ne menace pas la position de Fiat, également marque du groupe, car les trois enseignes visent des profils de consommateurs distincts. En parallèle, la production en fin de vie de la Fiat 500 Hybrid pourrait être remplacée par d’autres modèles du groupe, selon les opportunités industrielles.
Cette initiative, si elle se concrétise, permettrait à l’Algérie de franchir un nouveau cap dans son ambition industrielle et de relancer une filière automobile autonome, avec des marques européennes soucieuses de ne pas se laisser distancer sur un marché aussi dynamique que concurrentiel.
