Depuis des décennies, les relations entre l'Algérie et la France sont en dents de scie. Chaque période de rabibochage est suivie d'une autre de tensions. Pendant le règne d'Emmanuel Macron, les relations bilatérales entre les deux pays ont connu des crises importantes à plusieurs reprises. La brouille qui s'installe actuellement a pour origine la nouvelle position française sur le dossier du Sahara occidental.
- La France considère désormais que le plan marocain « constitue désormais la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies »
- Une décision qui suscite la colère d'Alger qui a décidé de retirer son ambassadeur en France
- La décision française aura des conséquences non seulement sur le plan politique, mais aussi sur les échanges économiques bilatéraux
- La question de la suspension de l'approvisionnement de la France en gaz algérien se pose
La France considère que le plan marocain « constitue désormais la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies ». Suite à cette décision, l'Algérie a décidé le retrait de son ambassadeur en France.
« Le Gouvernement français a fini par donner sa caution franche et catégorique au fait colonial imposé au Sahara Occidental. Ce pas qu'aucun autre Gouvernement français avant lui n'avait cru devoir franchir, le Gouvernement actuel l'a fait avec beaucoup de légèreté et une grande désinvolture, sans en mesurer lucidement toutes les retombées potentielles », peut-on lire dans le communiqué du ministère algérien annonçant le retrait de l'ambassadeur.
Même en France, la décision d'Emmanuel Macron ne fait pas l'unanimité. La gauche a critiqué le renforcement du soutien de Macron au plan marocain pour le Sahara occidental, aussi bien sur le fond que sur les circonstances politiques entourant ce geste, tandis que les droites l'approuvent. « Emmanuel Macron trahit la position historique et équilibrée de la France sur les droits du peuple sahraoui comme sur les résolutions de l'ONU », a écrit sur X le secrétaire général du Parti communiste (PCF), Fabien Roussel, accusant le chef de l'État d'ouvrir une « crise diplomatique grave ».
Vers la suspension des exportations de gaz pour punir la France ?
Il faut dire que la décision française aura des conséquences non seulement sur le plan politique, mais aussi sur les échanges économiques bilatéraux, comme ce fut le cas avec l'Espagne. En effet, lorsque l'Algérie a décidé le retrait son ambassadeur dans le pays ibérique pour les mêmes raisons, les entreprises espagnoles avaient souffert des tensions qui se sont installées entre les deux pays. Cependant, hormis la décision de la révision à la hausse des prix du gaz livré par l'Algérie, l'approvisionnement n'a pas été suspendu.
Pour la France, néanmoins, la question de la suspension de l'approvisionnement en gaz algérien se pose. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a affirmé, lors d'un point de presse, que « le retrait de l'ambassadeur est un premier pas qui sera suivi par d'autres ».
Certains observateurs expliquent que les prochains pas de la contre-offensive algérienne seraient justement l'utilisation de sanctions économiques. Des sanctions qui devront toucher de grands groupes français, mais également les importations algériennes. Concernant, toutefois, l'approvisionnement en gaz, aucun élément ne permet d'envisager cette option pour l'instant. Il faut attendre le déroulement des événements pour se fixer sur l'étendue de cette crise naissante.