L’aide médicale d’État (AME), destinée aux étrangers en situation irrégulière, est à nouveau sous le feu des critiques. Alors que le gouvernement envisage de la restreindre aux urgences médicales, le débat oppose ses défenseurs, qui soulignent son rôle humanitaire, à ses détracteurs, qui la jugent coûteuse et incitative à la clandestinité.
L’aide médicale d’État, destinée aux étrangers sans titre de séjour en France, est de nouveau au cœur des débats politiques. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, propose de réduire son champ d’application, la réservant aux urgences médicales uniquement. Pour en bénéficier aujourd’hui, il faut résider en France de manière ininterrompue pendant trois mois et ne pas dépasser un certain plafond de ressources.
Selon ses détracteurs, l’AME serait un facteur d’attraction pour l’immigration irrégulière. Cependant, les défenseurs de cette aide soulignent qu’elle est essentielle pour garantir un accès minimal à la santé et prévenir les situations critiques.
Qui peut bénéficier de l’aide médicale d’État aujourd’hui ?
Actuellement, l’AME couvre entièrement les frais médicaux et hospitaliers pour les étrangers en situation irrégulière remplissant les critères d’éligibilité. Les plafonds de ressources varient selon la composition du foyer : pour une personne seule, il est fixé à 10 166 euros par an en métropole. Les enfants mineurs bénéficient automatiquement de cette aide, sans condition de résidence.
En revanche, certains frais, comme les médicaments remboursés à 15 % ou les aides à la procréation, ne sont pas couverts. Les bénéficiaires doivent renouveler leur demande chaque année, un processus administratif souvent complexe.
Un coût jugé faible, mais une perception controversée
Selon un rapport parlementaire de 2023, l’AME aurait coûté environ 1,1 milliard d’euros en 2021 pour 350 000 bénéficiaires, soit seulement 0,5 % des dépenses annuelles de santé en France. Malgré ce faible poids budgétaire, cette aide reste un sujet sensible dans le débat public.
Pour ses défenseurs, comme Louis Maurin de l’Observatoire des inégalités, le débat devrait se concentrer sur l’aspect humain plutôt que sur le coût financier. « On ne laisse pas quelqu’un mourir dans la rue », souligne-t-il.
Malgré son existence, près de 49 % des personnes éligibles à l’AME n’y ont pas recours, principalement en raison de démarches administratives complexes. La constitution du dossier nécessite des documents parfois difficiles à obtenir, comme des extraits d’actes de naissance ou des justificatifs de résidence.
Des associations et centres communaux d’action sociale (CCAS) assistent les personnes dans ces démarches, mais le non-recours reste un problème majeur.
Vers une réforme limitée aux urgences
Si la transformation de l’AME en aide médicale d’urgence est adoptée, son périmètre d’action sera drastiquement réduit, excluant de nombreux bénéficiaires actuels. Cette réforme pourrait avoir des conséquences graves, notamment en matière de santé publique, en limitant l’accès aux soins préventifs et en augmentant les hospitalisations d’urgence coûteuses. Dans ce contexte, le débat entre humanité et politique budgétaire reste ouvert, laissant l’avenir de l’AME incertain.