Après avoir été suspendu en 2024 à la suite de la dissolution de l’Assemblée, le texte sur la fin de vie refait surface en commission des affaires sociales. Ce projet, qui comprend des mesures controversées sur l’aide à mourir, fait désormais l’objet d’un nouvel examen. Scindé en deux parties, il concerne à la fois les soins palliatifs et l’accès à l’aide à mourir, et pourrait marquer une étape importante dans la gestion de la fin de vie en France.
Le texte sur la fin de vie a été divisé en deux propositions distinctes. La première, portée par Annie Vidal, concerne les soins palliatifs, tandis que la deuxième, défendue par Olivier Falorni, se focalise sur l’aide à mourir. Si le sujet de l’aide active à mourir reste particulièrement sensible, il est abordé dans ce texte à travers la possibilité d’autoriser l’accès à une « substance létale », administrée soit par le patient lui-même, soit par un médecin ou un proche désigné. Le texte reprend les propositions faites en 2024, avec des amendements qui assouplissent les conditions d’accès à l’euthanasie et au suicide assisté.
Les critères pour bénéficier de l’aide à mourir
Pour bénéficier de l’aide à mourir, le patient devra répondre à plusieurs critères : être majeur, résider en France de manière stable et régulière, et souffrir d’une « affection grave et incurable » en phase avancée ou terminale. Le texte spécifie également que le patient devra être capable de manifester sa volonté « librement et éclairée », et que sa souffrance doit être soit réfractaire aux traitements, soit insupportable même avec les traitements en cours. Ce processus ne sera pas collégial ; seul le médecin pourra prendre la décision d’accéder à la demande d’aide à mourir, après un délai de réflexion de 15 jours et la consultation de spécialistes de la pathologie du patient.
Une fois la décision prise, le médecin devra notifier oralement et par écrit sa décision, laissant au patient un délai de deux jours pour confirmer sa demande. Si cette demande est maintenue, un professionnel de santé pourra administrer la substance létale, que ce soit à domicile ou dans un établissement médical, en présence des proches du patient. Il est précisé que les personnes désignées pour administrer cette substance ne pourront pas être rémunérées. Ce choix soulève de nombreuses questions éthiques et juridiques, en particulier concernant le rôle des proches et la pression potentielle qui pourrait s’exercer sur le patient.
Les soins palliatifs : un droit garanti pour tous
La deuxième partie du texte, consacrée aux soins palliatifs, vise à garantir un droit d’accès aux soins d’accompagnement de fin de vie. Le texte prévoit la création de « maisons d’accompagnement et de soins palliatifs » pour les patients en fin de vie et leurs proches. Il propose également une stratégie décennale pour l’affectation des moyens nécessaires à l’amélioration de ces soins. Le gouvernement souhaite inscrire la prise en charge palliative comme un droit fondamental, et cette proposition vise à rendre plus accessible l’accompagnement des patients jusqu’à la fin de leur vie, dans des conditions de confort et de dignité.
La question de l’aide à mourir reste un sujet très clivé, tant au sein de la société que parmi les professionnels de santé. Si une partie de la population et des acteurs du milieu médical soutient la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté, d’autres restent fermement opposés pour des raisons éthiques ou religieuses. La création d’une commission de contrôle, destinée à vérifier que les règles sont bien respectées, ainsi que la possibilité pour les professionnels de santé de se déclarer contre cette pratique, s’inscrivent dans une volonté de répondre aux préoccupations des opposants tout en mettant en place un cadre légal sécurisé.
Le texte sur la fin de vie, qui revient en commission de l’Assemblée nationale, marque un moment clé dans l’évolution des droits des patients en France. Les débats, qui devraient se poursuivre jusqu’en mai, devront équilibrer les besoins d’accompagnement des patients en fin de vie avec les garanties éthiques nécessaires. Bien que la question divise, le texte offre un cadre légal qui pourrait répondre aux attentes de nombreuses personnes confrontées à des souffrances insupportables. Il est désormais impératif que ces discussions se poursuivent dans un climat de respect et d’écoute de toutes les sensibilités.