À moins d’une semaine du rassemblement national prévu le 26 mai à Paris, les tensions repartent dans les campagnes françaises. Les agriculteurs, qui avaient suspendu leur mobilisation dans l’attente de mesures concrètes, se réorganisent autour d’un nouveau point de friction : la modification de la proposition de loi Duplomb, initialement conçue pour simplifier leur quotidien, mais désormais perçue comme une occasion manquée.
La proposition portée par le député Jean-Pierre Duplomb visait à alléger les normes administratives et environnementales qui pèsent sur les exploitants. Mais après examen par la Commission du développement durable, plusieurs dispositions centrales ont été retirées ou modifiées. Le résultat, dénoncent les syndicats agricoles, ne répond plus aux urgences du secteur. Pour la FDSEA du Tarn-et-Garonne, il s’agit clairement d’un projet « vidé de sa substance ».
L’eau, au cœur de la contestation des agriculteurs
Parmi les éléments les plus critiqués figure la question de l’accès à l’eau, essentielle pour l’irrigation des cultures. Le texte initial envisageait de faciliter la création de réserves. Mais un moratoire de dix ans sur les nouvelles autorisations a été introduit, provoquant l’incompréhension de nombreux agriculteurs. « On a de l’eau, mais elle ne tombe pas au bon moment », résume Patrice Raujol, membre de la FDSEA et rapporté par Europe 1. L’impossibilité d’anticiper les besoins hydriques dans un contexte climatique incertain est vécue comme une menace directe pour la viabilité des exploitations.
Autre sujet de crispation : la réglementation des produits phytosanitaires. La France interdit l’usage de certains traitements comme les néonicotinoïdes, tandis que d’autres pays européens les autorisent sous conditions. Pour certaines filières, cette asymétrie est source de distorsion de concurrence. Les agriculteurs demandent donc l’instauration de clauses miroir, afin que les produits importés soient soumis aux mêmes exigences que ceux produits localement. Une demande récurrente depuis plusieurs années, toujours en attente d’application concrète.
Des actions déjà en cours sur le terrain
Le mécontentement ne se limite pas aux déclarations. Des actions ont débuté dans plusieurs départements. À Montauban, des tracteurs ont été mobilisés pour bloquer les accès à des bâtiments publics et à des permanences politiques. D’autres opérations similaires sont prévues dans les prochains jours, notamment dans le Tarn-et-Garonne. Pour les syndicats, ces mobilisations visent à rappeler que les promesses faites lors de la précédente crise agricole n’ont pas été tenues.
Le mouvement culminera le 26 mai à Paris, où les principales organisations syndicales appellent à une démonstration de force. Il ne s’agit plus seulement de demander des ajustements, mais de refuser un texte vidé de son contenu initial. Si les revendications ne sont pas entendues, la mobilisation pourrait se durcir. Pour les agriculteurs, ce n’est plus une simple question réglementaire, mais bien un combat pour la survie économique de leurs exploitations.








