Le gouvernement songe toujours à ponctionner les excédents de l’Agirc-Arrco liés à la réforme des retraites. Cette option, déjà évoquée l’an dernier avant d’être abandonnée face à la réaction énergique des partenaires sociaux, serait à nouveau envisagée.
En quête d’économies pour résorber le déficit budgétaire et atteindre l’objectif des 50 milliards d’euros d'ici à 2027, le gouvernement est en train d’explorer minutieusement les pistes pour y arriver. Après les ponctions budgétaires, le plan d’économies drastique imposé sur les dépenses et les directives adressées aux opérateurs de l'État sommés de faire des propositions dans les deux à ans venir, l’exécutif continue de ratisser large pour s’assurer de compenser le déficit.
La cagnotte de la caisse de retraite complémentaire des salariés du secteur privé (Agirc-Arrco) serait à nouveau convoitée. « Dans des échanges très récents avec le Medef, la ministre du Travail, Catherine Vautrin, a indiqué que l’exécutif compte toujours mettre à contribution l’Agirc-Arrco, la caisse de retraite complémentaire du privé cogérée, de façon paritaire, par le patronat et les syndicats », rapporte le journal Le Monde.
De son côté, l’Opinion confirme que « le ministère du Travail, Catherine Vautrin a réaffirmé l’intention du gouvernement de voir aboutir un transfert entre le régime des retraites complémentaires afin de financer le régime général ».
Les arguments du gouvernement
À vrai dire, le dossier n’est pas nouveau. L’an dernier, le gouvernement lorgnait déjà sur l’excédent attendu chez la caisse de la complémentaire avec la réforme des retraites du 14 avril 2023. Le décalage de l’âge légal de départ devrait lui générer des économies de l’ordre de 1,2 milliard d’euros en 2026 et de 3,1 milliards d’euros en 2030, selon les chiffres de l’État.
« Nous considérons comme légitime que cette part des excédents liés à la réforme puissent être mobilisés pour participer au financement d’un régime de solidarité », avait plaidé l’ex-ministre du Travail Olivier Dussopt en octobre dernier devant le Sénat. Mais face à l’opposition des partenaires sociaux et du patronat, le gouvernement a dû abandonner cette piste.
L'opposition toujours aussi vive : l’argent de l’Agirc-Arrco appartient aux retraités
Le retour à la charge du gouvernement a déjà ravivé la grogne des opposants. « Aujourd’hui, le gouvernement est face au mur. Il refuse de se serrer la ceinture, alors il la serre aux autres. C’est insupportable, je rappelle que l’argent de l’Agirc-Arrco n’appartient pas à l’État, c’est celui des salariés et des retraités », rétorque la sénatrice LR Pascale Gruny, rapporteuse pour la branche vieillesse du budget de la Sécu.
Plus tempérée, Christelle Thieffinne de la CFE-CGC, note que « nous voulons explorer les marges de manœuvre et les pistes sur lesquelles nous pourrions travailler ». Mezzasalma de la CGT, ajoute que « nous montrons déjà notre engagement à la solidarité en attribuant des majorations de pension ». Le bras de fer est de nouveau engagé.