Emploi et retraites : Sophie Binet réclame un changement radical de cap à François Bayrou

Ce dimanche 15 décembre 2024, Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a lancé un appel clair au nouveau Premier ministre François Bayrou lors de son passage sur France 3. Elle a exhorté le chef du gouvernement à se démarquer des politiques menées sous Emmanuel Macron, appelant à des mesures fortes pour répondre aux urgences sociales.

Sophie Binet n’a pas caché ses réserves quant à la continuité des politiques économiques et sociales. « Nous attendons qu'il soit en rupture avec Macron sur un certain nombre d'aspects, car tout cela est le résultat de son septennat », a-t-elle affirmé. Elle a critiqué un manque de renouvellement dans les priorités gouvernementales : « Ce qui est très désespérant pour les salariés, c'est qu'il y a un côté 'on prend les mêmes et on recommence'. »

La syndicaliste a également insisté sur la nécessité d’un changement dans la méthode de gouvernance. Elle appelle François Bayrou à respecter davantage la « démocratie sociale » et à montrer une volonté de répondre aux besoins des travailleurs. Elle a exhorté le Premier ministre à diriger un gouvernement « au service des urgences sociales et non pas des riches ».

Propositions concrètes de Sophie Binet pour l’emploi et les retraites

Concernant l’emploi, Sophie Binet a mis en avant la situation préoccupante de l’industrie, marquée par une multiplication des « plans de licenciements 175. Selon elle, près de 300 plans sociaux ont déjà été recensés par la CGT, mais il ne s’agit que de « la partie émergée de l’iceberg ». Elle propose un moratoire de six mois pour éviter les fermetures d’entreprises. Cette période permettrait de chercher des repreneurs tout en maintenant les salaires des employés concernés, en mobilisant, si nécessaire, des dispositifs d’activité partielle. « Il faut empêcher les licenciements au lieu de les accompagner socialement », a-t-elle martelé.

Sur la question des retraites, la CGT reste ferme. Sophie Binet a réitéré que l’objectif du syndicat est l’abrogation complète de la réforme adoptée en 2023. « Abroger la réforme des retraites coûterait 3 milliards d’euros en 2025. Quand on sait qu’on voulait imposer 60 milliards d’euros d’économies, on voit que 3 milliards est tout à fait finançable », a-t-elle argumenté. Elle a également souligné les impacts négatifs sur les seniors, qui sont parmi les plus touchés par cette réforme et les licenciements, qualifiant leur situation de « triple peine ».

Sophie Binet a également pointé du doigt la réforme de l’assurance chômage. Elle a dénoncé des mesures régressives, notamment à l’encontre des travailleurs frontaliers et des seniors, qui subissent une réduction de leurs droits dans un contexte économique difficile. En appelant à une « conférence sociale urgente » sur l’emploi et à des mesures pour stopper les licenciements, la CGT place François Bayrou sous pression. Ce dernier, nommé à Matignon récemment, devra démontrer sa capacité à répondre aux attentes sociales tout en conciliant les contraintes économiques.