Le tribunal de commerce de Paris, qui s’est penché lundi en audience publique sur le plan de sauvetage accéléré de l’enseigne de grande distribution Casino, rendra son verdict le 26 février à 15 heures. C’est la dernière étape attendue avant la validation de la reprise du groupe par les nouveaux repreneurs.
Prévue pour la semaine dernière, l’audience devant traiter le dossier du plan de sauvetage accéléré du groupe Casino avait été finalement reprogrammée au lundi 12 février. Son report avait été retenu, pour rappel, par le tribunal suite à la demande du Comité social économique central (CSEC), qui avait émis des réserves sur le plan jugé par les avocats du Comité dénué d’un « volet social ».
Il y avait un peu moins de monde au tribunal, relève l’AFP qui rapporte l’audience relayée par France 24. Jean-Charles Naouri, PDG pour encore quelques semaines, s’est cette distingué par son absence, contrairement à Philippe Palazzi, appelé à devenir directeur général du groupe si le plan de sauvegarde est entériné et si le groupe passe sous le contrôle des milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière, adossés au fonds d'investissement Attestor. Saam Golshani, avocat accompagnant Daniel Kretinksy dans cette reprise, était également présent pour défendre le point de vue des repreneurs.
Divergences persistantes entre la direction de Casino et le CSEC
Lors des interventions, la direction actuelle ainsi que les administrateurs et mandataires judiciaires ont donné un avis favorable au plan. Ce qui est loin d’être le cas pour les avocats du CSEC qui ont regretté, une nouvelle fois, l'insuffisance du volet social et émis un avis défavorable. « Les salariés ne savent toujours pas combien de postes vont être supprimés, quelles vont être les mesures de reclassement, quelle sera l'indemnisation », a plaidé Olivier Debeine, l'un des avocats dudit comité.
En effet, entre le moment où ce plan de sauvegarde a été négocié et aujourd'hui, le groupe a « topé » avec ses concurrents Auchan, Intermarché et Carrefour pour leur céder 288 magasins de grande taille, supermarchés et hypermarchés. Une opération de grande ampleur qui occasionnera le transfert de quelque 12 800 salariés et qui sera lourde de conséquences pour les fonctions support au sein de ce qui restera du groupe. Au total, les syndicats estiment que 6 000 emplois sont à risques.
Les engagements des repreneurs jugés peu précis
Du côté du consortium des repreneurs, les engagements pris sont pour « préserver l'emploi au maximum » et maintenir un siège à Saint-Étienne. Concernant les salariés qui vont changer d'enseigne, une « mission spécifique de mesure de suivi des conséquences sociales » sera mise en place, a rappelé lundi un porte-parole. L'intersyndicale n'a pas obtenu pour autant des engagements « précis, chiffrés et concrets du consortium » sur les « des indemnités supra légales » ainsi que sur « des possibilités de départ volontaire » évoquées.
L'avis défavorable du ministère public
Le ministère public a également émis un avis défavorable sur le plan, regrettant notamment une « trop grande disparité entre le plan présenté initialement » et celui sur lequel le tribunal doit se prononcer, ainsi que « le contenu parfaitement lacunaire du volet social ». En attendant le verdict du 26 février, l’avenir de Casino reste donc dans l’incertitude qui pourrait bien aboutir à « une situation de cessation des paiements » dans le cas du rejet du plan par le tribunal, a rappelé le juge-commissaire.
À l’inverse, si le plan est avalisé, la procédure de changement de main pourra être finalisée avec l’entrée en lice des nouveaux repreneurs dès mars prochain.