La France est toujours en proie à la crise immobilière. La situation dans le secteur du bâtiment est loin d’être reluisante. Deux tiers des entreprises de la construction appréhendent une année 2024 encore plus mauvaise que 2023, alerte la fédération du secteur. Une situation qui fait planer le risque de retombées désastreuses sur l’économie du pays.
Les professionnels du bâtiment sont quasiment unanimes à relever la situation très difficile que traverse le secteur. L’année 2023, marquée par l’inflation et la hausse du taux de crédits, a été des plus pénibles pour le bâtiment, davantage impacté par la suppression de la TVA à 6% pour les ventes de projets de démolition-reconstruction. Les perspectives n’augurent aucune embellie pour 2024.
Elles sont deux tiers des entreprises de la construction à présager une année 2024 plus mauvaise que 2023, d'après Embuild, la fédération du secteur. Les spécialistes, dont Fanny Guinochet, interpellent sur une situation qui risque d’impacter à la longue l’ensemble des secteurs, directement ou indirectement, et, donc, « l’ensemble de l’économie ».
Quand le bâtiment ne va pas...
« Quand le bâtiment va, tout va »… Sauf que là, le bâtiment ne va pas ! Et l’inquiétude est alors pesante sur le reste. À commencer par ces entreprises qui mettent la clé sous le paillasson. Cela engendre directement un manque à gagner en fiscalité, mais aussi des licenciements et des pertes d’emploi, baisse de pouvoir d’achat, baisse de la consommation, augmentation du chômage… Le processus de la contagion, décrypté par Fanny Guinochet sur Franceinfo, serait-il alors déjà enclenché ?
La crise immobilière va s'aggraver
En effet, l’immobilier, tout aussi déjà touché par l’inflation et le taux élevé des emprunts, se retrouve davantage impacté. Et les intervenants sont appelés à subir les mêmes conséquences. Les Français sont amputés de 25% de pouvoir d’achat ces deux dernières années.
Les propriétaires ne sont pas dans une meilleure posture. Les nouvelles normes revues ou nouvellement imposées au nom de la transition énergétique, tel le DPE (diagnostic de performance énergétique) pour les locations, ont également affecté bon nombre de programmes immobiliers. Les agences ne sont pas épargnées, et les salariés du domaine non plus. Des partenaires directs, comme « les notaires, les courtiers, les promoteurs et les entrepreneurs », subissent dans le sillage la crise et ses conséquences.
La spécialiste met en garde contre la contagion de la crise immobilière qui peut vite s’étendre vu l’impact de l’immobilier sur la société de manière générale. « L’immobilier à l’arrêt » est synonyme « de réduction de mobilité géographique », et par conséquent « réduit les chances de faire baisser le chômage », souligne-t-il, ajoutant que « la situation a aussi des incidences sur la natalité ».
Dans un tel contexte, « devenir propriétaire devient un horizon inatteignable », et « la confiance en l’avenir est affectée, et cela nourrit la colère. Donc le logement est un point, un levier très important en économie », explique Fanny Guinochet qui interpelle pour que « le gouvernement prenne la mesure de l’enjeu ».