Cette année encore, les prix des cigarettes ont connu une nette augmentation en France. En Corse, les coûts ont subi une hausse plus rapide, due notamment aux changements concernant le statut fiscal de l’île de Beauté.
Alors qu'en France métropolitaine, l'augmentation du tabac est comprise entre 50 centimes et un euro, en Corse, cette augmentation est plus importante. En effet, le prix d'un paquet de cigarettes de 20 unités est passé de 8,40 à 9,80 euros. Cette différence s’explique par le rattrapage fiscal de l’île, dont les produits du tabac ont bénéficié d’abattements fiscaux exceptionnels dans le passé. En moyenne, le prix des cigarettes était 25 % moins cher en Corse comparé à la France métropolitaine.
Vers la fin du statut fiscal dérogatoire de la Corse ?
Pour comprendre cette différence, il faut remonter à 1811. Cette année-là, un statut fiscal dérogatoire a été accordé à la Corse par un décret de Napoléon Bonaparte. Alors que le prix des cigarettes était 25% moins chers en Corse qu'en France métropolitaine, l’Inspection générale des finances estimait que ce statut fiscal dérogatoire entraînait un manque à gagner annuel de 26 millions d’euros, dans un rapport datant de 2018. De plus, « les décès par cancer du poumon sont de 25,7 % plus importants en Corse qu’en France continentale », indiquait l'IGF dans ce même rapport.
Face à cette situation, la spécificité fiscale du tabac en Corse a été remise en question par le Projet de loi de finances de 2020. Un rattrapage fiscal progressif avait alors été décidé. Ce dernier a pour but d'harmoniser presque totalement les tarifs entre la Corse et la France métropolitaine d'ici 2025.
Une hausse du tabac qui n'arrange pas les buralistes
Cette hausse des prix du Tabac n'est donc pas perçue d'un bon œil de la part des buralistes de l'île de Beauté. José Olivia, président des buralistes corses, a affirmé dans la presse que les bureaux de tabac allaient « à la catastrophe », en impactant l’équilibre économique de près de « 800 familles ». Le représentant des buralistes a indiqué avoir rencontré plusieurs parlementaires dans l'espoir d'obtenir un moratoire sur la fiscalité.
De son côté, Michel Castellani, député Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT) de la Haute-Corse, estime que le statut fiscal dérogatoire de la Corse représente un réel « avantage (...) qui favorise l’augmentation du volume des ventes durant les périodes touristiques ».