Le phénomène climatique El Niño, qui touche les températures des eaux de l’océan Pacifique pour provoquer tout un chamboulement météorologique à travers le monde, est de retour. « Il est très probable que l’épisode El Niño se poursuive dans les prochains mois jusqu’en avril 2024 », a mentionné l'Organisation météorologique mondiale (OMM) dans un bulletin publié mercredi 8 novembre.
L’OMM fixe la probabilité de la poursuite du phénomène à « 90% » et prévoit son apogée avec « une forte intensité » durant cet hiver. El Niño est un phénomène climatique saisonnier qui bouleverse quasiment toute la planète. Il apparaît au printemps avant de s’amplifier tout au long de la saison automnale et culminer avec ses effets dévastateurs, faits de grands froids, pluies diluviennes, grosses inondations… aux alentours de fin décembre.
Avec une intensité qui diffère toutefois d’une région du monde à une autre, selon la proximité avec l’océan Pacifique, El Niño met en place un hiver rigoureux et très humide. Une partie des États-Unis pourrait être sensiblement touchée avec un hiver plus froid et plus sec, propice à de plus de chutes de neige que d’habitude.
Qu’est-ce que le phénomène El Niño ?
Selon Francois Gourand, ingénieur prévisionniste sur Géo, El Niño est un phénomène atmosphérique et océanique qui se produit avec une périodicité de 10 à 12 ans dans l’océan Pacifique. Mais qu’est-ce qui se passe au juste lors d’une année El Niño ? Eh bien, des vents d’est, qui normalement, circulent autour de l’équateur sur l’océan Pacifique, s’affaiblissent et les eaux se réchauffent considérablement sur le bassin, donc du côté de l’Amérique du Sud. Elles sont relativement moins chaudes sur la partie ouest du bassin, engendrant des conséquences climatiques très importantes qui vont bien au-delà du bassin pacifique.
Cela provoque alors des pluies extrêmement abondantes et des inondations, particulièrement sur cette partie ouest de l’Amérique du Sud. Mais il y a également des conséquences climatiques sur d’autres zones du globe. Parce que, lors d’un phénomène El Niño, une chaleur extrême est contenue dans l’océan et est relâchée dans l’atmosphère. Au fil des épisodes et quand ces phénomènes sont particulièrement marqués, la température mondiale augmente nettement, plus nettement que les autres années, comme ça a été le cas en 1998.
Quel impact sur la France ?
Pour cet hiver, il faudra donc s’attendre à des températures mondiales record, avec de grosses turbulences hivernales. Les zones les plus exposées restent l’ouest de l’Amérique et l’est de l’Asie. Les territoires d'outre-mer de France sont tout aussi menacés, notamment la Polynésie française qui pourrait être sujette à des menaces de cyclones. Pour l’année 2024, l’OMM, qui confirme la menace d’un hiver rude, prévient, d’ores et déjà, d'un été tout aussi plus chaud.
« L’année prochaine pourrait être encore plus chaude. Cela est clairement et sans équivoque dû à la contribution des concentrations croissantes de gaz à effet de serre piégeant la chaleur provenant des activités humaines. (…) Les événements extrêmes tels que les vagues de chaleur, la sécheresse, les incendies de forêt, les fortes pluies et les inondations seront plus nombreux dans certaines régions, avec des impacts majeurs », a soutenu le SG de l’OMM, Pr Petteri, cité dans le bulletin de l’organisation, diffusé le 8 novembre 2023.